Qui sont les trois proches de Donald Trump visés par les chefs d'inculpation ?

Robert Muller, procureur spécial chargé de l'enquête sur l'ingérence de la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016, a mis en examen trois proches de l'actuel locataire de la Maison-Blanche, lundi dernier.

Qui sont les trois hommes inculpés ?

Paul Manafort est un avocat américain, un consultant politique, mais également un célèbre lobbyiste. Il s'est récemment fait connaître pour avoir occupé durant quelques mois, le poste de directeur de compagne lors de la candidature de Donald Trump aux dernières élections présidentielles. En août 2016, Manafort a été contraint de démissionner sur fond de scandale, dans la mesure où il a été le conseiller de l'ancien président d'Ukraine, Viktor Ianoukovytch.

Auparavant, Manafort avait également travaillé aux côtés de trois anciens présidents des États-Unis, que sont Gerald Ford (1974-1977), Ronald Reagan (1981-1989) et Georges H. W Bush (1989-1993). En France, Édouard Balladur s'était offert les services de l'Américain lors de sa campagne présidentielle de 1995, où il est arrivé troisième avec 18,58% des suffrages.

Rick Gates est l'un des associés de Paul Manafort. Il a rejoint l'entreprise de lobbyiste de celui-ci au milieu des années 2000. Tous deux ont collaboré aux côtés de Trump, l'un comme directeur de campagne, l'autre en tant qu'adjoint. Suite au départ de Manafort, Gates a rapidement quitté son poste auprès du président.

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George Papadopoulos a rejoint la campagne présidentielle de Donald Trump en mars 2016 en tant que conseiller en politique étrangère. Il se serait rendu en Russie dès mars 2016 dans le but de rencontrer des agents du gouvernement russe, ainsi qu'un "professeur" qui disposait d'informations pouvant compromettre l'élection de la candidate Hillary Clinton.

Quels faits leur sont reprochés ? 

Paul Manafort et Rick Gates sont visés par douze chefs d'inculpation parmi lesquels : complot contre les États-Unis, blanchiment d'argent, fausses déclarations et non déclarations de comptes détenus à l'étranger. Les deux hommes seraient ciblés pour des activités non déclarées de lobbyistes et de consultants en faveur de l'ancien président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Plus de 75 millions de dollars ont transité à l'aide de comptes offshores gérés par les deux associés. Paul Manafort est accusé d'avoir blanchi à lui seul 18 millions de dollars. Rick Gates a plaidé non-coupable et a été assigné à résidence par une juge.

George Papadopoulos a reconnu être coupable de fausses déclarations quant à ses contacts avec le gouvernement russe en 2016. Ce mensonge aurait donc entravé l'enquête du FBI portant sur une possible ingérence du gouvernement russe dans l'élection présidentielle de 2016. Afin de limiter les poursuites à son encontre, Papadopoulos aurait accepté de collaborer avec le FBI en fournissant des preuves sur l'implication de plusieurs personnes dans cette affaire.

Et Trump dans tout ça ?

Donald Trump réfute encore et toujours toute intervention russe pendant sa campagne électorale. Il l'a fait savoir, comme à son habitude, sur Twitter. "Toutes ces histoires 'russes' juste au moment où les Républicains s'attaquent à une historique baisse et réforme des impôts. Est-ce une coïncidence ? NON !" a-t-il commenté dimanche 29 octobre.

L'acte d'inculpation des trois hommes, signé par le procureur Robert Mueller, ne suggère pas de collusion entre l'équipe du candidat républicain et les autorités russes.

Yelen Bonhomme-Allard

Donald Trump coincé face au Congrès

Le président américain fait face depuis le week-end dernier à un dilemme : signer le texte promulguant les sanctions contre la Russie ou imposer son veto. Ce texte de loi l'embarrasse d'autant plus que son intention à son entrée à la Maison-Blanche était de lever une partie des sanctions, adoptées par l'administration d'Obama, sur la Russie. 

Pieds et mains liés. Mardi, la Chambre des représentants votera une loi sanctionnant la Russie, principalement pour sa présumée intervention dans la campagne présidentielle américaine, mais aussi pour l'annexion de la Crimée. Le 15 juin, le Sénat avait adopté dans une quasi-unanimité ce projet de loi, mais le texte était resté bloqué au Congrès où les négociations ont finalement abouti samedi dernier.

Du côté de la Maison-Blanche, ses membres font parvenir des déclarations contradictoires depuis ce week-end. "La Maison-Blanche indique qu'elle soutient la proposition de loi sur les sanctions contre la Russie", titrait lundi The Wall Street Journal. Pourtant, dimanche après-midi, sur Twitter, Donald Trump dénonçait, "l'hypocrite chasse aux sorcières russes", devenue selon lui un prétexte pour les Démocrates de justifier l'élection qu'ils ont perdue. Le locataire de la Maison-Blanche regrettait aussi que les élus républicains en fassent "très peu pour protéger leur président".

En réalité, le Wall Street Journal se faisait l'écho des déclarations de la nouvelle porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders. Dimanche, cette dernière avait indiqué sur la chaîne ABC : "Nous soutenons la législation actuelle, et nous continuerons à  travailler avec la Chambre et le Sénat pour imposer ces sanctions sévères contre la Russie, jusqu'à ce que la situation en Ukraine soit pleinement résolue".

Un veto sans conséquences 

De son côté, le nouveau directeur de communication de la Maison-Blanche, Anthony Scaramucci, invité sur la chaîne de télévision CNN, a fait preuve de prudence. Il n'a pas dit si Trump envisageait ou pas de signer la promulgation de cette loi. "Le président n'a pas encore pris la décision de signer la loi ou non", a-t-il notamment déclaré.

Ce texte de loi faisait l'objet de résistance à la Maison-Blanche car, comme le rappelle le New York Times, il empêcherait Donald Trump de lever les sanctions existantes contre Moscou imposées par Obama. Si le président américain imposait son veto, il pourrait être finalement soupçonné de sympathie à l'égard de son homologue russe. Indirectement, cette loi place Trump sous surveillance par le Congrès.

Mais même en cas de veto du président républicain, la Chambre des représentants pourrait le surmonter avec une majorité des deux tiers. Le sénateur démocrate Ben Cardin, invité sur Fox, est certain que la loi sera votée à une très large majorité. "S'il met son veto, nous surmonterons son veto", a-t-il assuré.

Une fois la loi adoptée au Congrès, le Sénat revotera, probablement avant les vacances de la mi-août. Une initiative qui laisse inquiète l'Europe, redoutant les "conséquences non désirées" de ces sanctions américaines, selon les mots d'un porte-parole de la Commission européenne.

Aliénor Vinçotte

Donald Trump's son Donald Trump Jr. prepares to speak at the Republican Convention in Cleveland, U.S., July 19, 2016. REUTERS/Carlo Allegri - RTSIQQ5

L'aîné des Trump fait tache dans le tableau familial

Portrait - En reconnaissant avoir rencontré une avocate russe pour nuire à Hillary Clinton, pendant la campagne présidentielle de son père, Donald Trump Junior met un peu plus le clan Trump dans l'embarras.

Il n'était pas l'enfant du clan Trump le plus coté. Donald Trump Jr, 39 ans, est chargé avec son frère, Eric, de s'occuper des affaires de la Trump Organisation depuis l'installation de leur père à la Maison-Blanche, en janvier dernier. Jusque-là, les médias s'étaient plutôt focalisés sur sa soeur, Ivanka, conseillère à la Maison-Blanche, et sur son beau-frère, Jared Kushner.

Mais depuis le week-end dernier, le fils aîné du président américain fait parler de lui. La raison : une révélation du New York Times qui a dévoilé sa rencontre avec une avocate russe, présumée liée au Kremlin, afin d'obtenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

Une information fâcheuse qui met la présidence Trump dans la difficulté, puisqu'elle confirme que les proches de Donald Trump étaient prêts à se rapprocher du gouvernement russe afin d'affaiblir la candidate démocrate. Toutefois, aucune preuve à ce jour ne permet de démontrer la présence d'une véritable collusion entre l'équipe de campagne du candidat républicain et le gouvernement russe.

Mardi, pour devancer le New York Times, le fils du président a décidé de poster sur son compte Twitter le contenu des mails échangés avec Rob Goldstone. Ce dernier, un publicitaire inconnu du bataillon, lui avait affirmé que le gouvernement russe détenait des informations intéressantes sur Hillary Clinton. Donald Trump, dans un communiqué, a d'ailleurs félicité son fils pour son attitude "transparente".

 Des valeurs républicaines mises en avant 

Les trois enfants de Donald Trump, issus d'une premier mariage, se sont beaucoup impliqués dans la campagne de leur père. Mais, grâce à son profil, Donald Trump Junior lui a permis de toucher une frange des Américains, profondément attachés aux valeurs républicaines. Passionné par les armes à feu - il en possède onze chez lui -, il affiche fièrement son appartenance au NRA (National Rifle Association). Certaines photos de lui, posant aux côtés d'animaux abattus lors de safaris, avaient surgi sur les réseaux sociaux. Un fait qui avait entaché la candidature de Donald Trump au début de sa campagne présidentielle, mais qui s'était vite dissipé.

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Donald Trump Junior, lors d'un safari au Zimbabwe en 2011 © Hunting Legends

Depuis l'élection de son père à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump Junior dirige l'entreprise familiale, s'éloignant du milieu politique. "Il y a une partie qui est incroyablement attiranteMais ce n'est pas humain la plupart du temps", confiait-t-il au New York Times en mars dernier, écartant toute idée de carrière politique. Mais en réalité, il n'en reste jamais éloigné et se présente comme l'un des plus fidèles défenseurs de son père sur Twitter.

Aliénor Vinçotte 

Affaire russe : le procureur enquête sur Donald Trump pour entrave à la justice

Donald Trump a-t-il, d'une quelconque façon, entravé l'enquête de la justice dans le cadre de l'affaire russe ? Le procureur spécial Robert Mueller devra lever le voile sur l'ingérence présumée de Moscou lors de l'élection présidentielle américaine.

Cette affaire politique n'en est pas à son premier rebondissement. Donald Trump est visé par une enquête judiciaire afin de déterminer s'il a freiné ou empêché les investigations de la justice sur l'ingérence russe lors de sa campagne électorale.

Selon le Washington Post, l'enquête touchant le président des Etats-Unis aurait été ouverte quelques jours après le renvoi de l'ancien directeur du FBI James Comey, le 9 mai dernier. Lors de son audition publique, ce dernier ne s'était pas prononcé quant à l'obstruction de Donald Trump, laissant au procureur Robert Mueller de "démêler cela".

Dans ses lignes, le journal atteste que cinq hauts responsables du renseignement ont été contactés par les enquêteurs dont trois auraient accepté d'être auditionnés cette semaine. Il s'agit de Dan Coats, directeur du Renseignement, Mike Rogers, directeur de l'Agence Nationale de Sécurité (NSA) et Richard Ledgett, son ancien directeur adjoint.

Kasowitz, le porte parole de l'avocat personnel de Donald Trump a condamné l'attitude "outrageuse, inexcusable et illégale" du Washington Post à l'égard du locataire de la Maison Blanche. Ce dernier a publiquement reconnu, dans une succession de tweets, être visé par une enquête pour entrave à la justice.

Yelen BONHOMME-ALLARD

 

Affaire FBI : la politique s'invite dans les bars de Washington D.C

À Washington D.C, trois bars de la ville s’apprêtent à diffuser l'audition de James Comey, ancien directeur du FBI. Conséquence amusante : ce nouveau chapitre politique, concernant l’ingérence russe dans l’élection de Trump, fait naître des idées de cocktails. Rendez-vous pris dès 9h30 au Shaw's Tavern, The Partisan ou au Duffy's Irish.

Le 7 juin. Depuis plusieurs semaines, l’Amérique retient son souffle en attendant cette date fatidique. Bien que les auditions aient débuté aujourd'hui, le pays attend avec impatience celle de l'ancien directeur du FBI, James Comey. Son témoignage entraînera certainement un virage dans le monde politique. Et pour l'occasion, trois établissements situés à Washington D.C, le Shaw's Tavern, Duffy's Irish et The Partisan, ont décidé de brancher leurs écrans de télévision sur cette affaire.

Plus habités aux retransmissions sportives, les clients seront accueillis aux alentours de 9h30 pour suivre ce nouveau volet politique. L’établissement irlandais, le Duffy's Irish Pub, surfe sur l'actualité en proposant une nouvelle recette : le "Covfefe Cocktail", au prix de 5 dollars. Ce dernier est un clin d’œil au tweet du président Donald Trump posté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. "La signification mystérieuse de ce terme, l'est tout autant que la composition de cette boisson", s'amuse le manager du bar.

De son coté, le Partisan ajoute aussi sa touche d'humour. Les sandwichs seront accompagnés par "The Last Word", comprenez Le dernier mot, ou "Drop the Bomb", Lâche la bombe.

Une bombe, James Comey en a lâché une aujourd’hui en confirmant, de façon manuscrite, au Congrès que Donald Trump lui a demandé d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale mêlé à l'affaire de l'ingérence russe dans l'élection. Dans cette histoire, seule la justice américaine aura le dernier mot.

Yelen BONHOMME-ALLARD