À Washington, les américains rendent un dernier hommage à George H.W. Bush

Les drapeaux sont en berne. Vendredi soir, le 41è président des États-Unis, George Bush père, décédait des suites d'une longue maladie. À 94 ans, il détenait le record du président américain le plus âgé de l'histoire. Depuis lundi soir, des milliers d'américains se succèdent et viennent lui rendre un dernier hommage dans l'enceinte du Capitole, où repose le corps de l'ancien président. Ses obsèques auront lieu cet après-midi avant un dernier hommage au Texas, fief éternel de la dynastie Bush.  

À l'extérieur du Capitole, coeur du pouvoir législatif américain, des milliers de personnes venues du monde entier patientent. Au bout des quelques heures d'attente se trouve le cercueil de George H.W. Bush, président des États-Unis de 1989 à 1993. Lundi, il avait quitté le Texas à bord de l'avion présidentiel prêté par Donald Trump, pour recevoir un premier hommage populaire, avant des obsèques nationales en la Cathédrale nationale de Washington. Affaibli par une forme de la maladie de Parkinson, George H. W. Bush se déplaçait depuis des années en fauteuil roulant.

Ce mercredi,  Donald Trump a décrété une journée de deuil national, ordonnant la fermeture des administrations fédérales. Les bourses de New York et de Chicago, qui ont observé un minute de silence lundi, resteront fermées toute la journée. 

 

Un symbole 

"Témoigner de mon respect envers un ancien président est la moindre des choses", confient Paul, de passage dans la capitale fédérale. "Je viens d'Arizona, j'avais prévu ces quelques jours de vacances à Washington depuis longtemps. À l'annonce la mort de George Bush père, j'ai su que j'irai immédiatement lui rendre hommage".

Paul est ému. "Je le respectais beaucoup. Il a fait énormément pour ce pays", explique-t-il, avant de retracer les grandes lignes d'une présidence marquante :  "C'était un excellent président, l'Histoire le montre ! Sans lui, la Guerre Froide aurait pu être dramatique pour les Etats-Unis. Il a fait du très bon travail, main dans la main avec Mikhaïl Gorbatchev. Je vous défie de trouver aujourd'hui des américains comme lui". Aviateur pendant la Seconde guerre mondiale, parlementaire, chef de la CIA et ambassadeur à l'ONU, ses quatre années à la présidence sont entre autre marquées par la première guerre du Golfe. A la tête d'une coalition de 32 pays, il chasse les troupes irakiennes de Saddam Hussein hors du Koweït lors d'une guerre de quelques semaines en 1990. C'est aussi lui qui dirigeait les Etats-Unis, quand le mur de Berlin est tombé en 1989, et que l'Union soviétique s'est effondrée en 1991.

En s'avançant dans la file, on s'aperçoit vite qu'aux États-Unis, George H.W. Bush est un symbole intergénérationnel. Preuve en est, beaucoup de jeunes, qui n'étaient pas encore nés à l'époque où il était président, on fait le déplacement. Jason, 22 ans, est un étudiant chinois fraichement diplômé de la prestigieuse George Washington University. "J'ai appris comme tout le monde le décès du président Bush. Je n'ai jamais vécu un tel moment historique". Même chose pour Julia, 8 ans, venue accompagnée de sa mère : "Un président est mort, je pense que voir le cercueil sera un moment très émouvant" confie-t-elle.

 

 

"Président du peuple"

À l'intérieur du Capitole, l'attente continue. Laurie, et son petit fils Nick, arrivent tout droit du Maryland. C'est elle qui a tenu a emmené le jeune garçon rendre un dernier hommage à l'ancien président : "C'est important qu'il vive cela. il s'en souviendra toute sa vie". Laurie, comme beaucoup, se souvient d'une "très bonne personne, en plus d'avoir été excellent président". Parmi les nombreuses anecdotes qu'elle aime raconter à Nick, il y a celle des débuts militaires de Bush père : "À 18 ans, il a été admis à Yale, mais a finalement préféré s'engager dans l'armée. Il était l'un des plus jeunes de son régiment, et avait tellement peur d'être moqué pour cette raison qu'il demandait à sa mère, qui venait lui rendre visite, de dire qu'elle était plus vieille qu'elle ne l'était afin que lui même puisse mentir sur son propre âge", raconte-elle en souriant.

"C'était un modèle pour tout le monde" continue Laurie. "Il existera toujours des gens qui n'aimeront pas Bush. Mais vous ne pouvez pas nié qu'il fut un homme profondément bon et intelligent". Sa phrase à peine terminée, il est temps pour le duo d'entrer dans la Rotonde du Capitole, où repose celui que Laurie qualifie de "président du peuple". Un lourd silence retenti. L'heure est au recueillement. Longuement, les visiteurs du monde entier s'arrêtent autour de la dépouille. Le cercueil est recouvert du drapeau américain. Avant-hier, c'est à cet endroit-même que George W. Bush et Donald Trump se sont recueillis, avant des obsèques officielles prévue ce matin.

 

Fiers d'être américains 

À la sortie de la Rotonde, l'émotion gagne les américains. "Une fois devant le cercueil, je me suis retrouvé face à toute une partie de notre Histoire", confie Tom. "Le cercueil d'Abraham Lincoln était placé au même endroit en 1865. J'ai pu ressentir toute cette Histoire qui a façonnés les États-Unis d'aujourd'hui". L'homme d'une soixantaine d'année, vétéran de la Guerre du Vietnam , a été impressionné par la forte présence de personnel militaire autour de la dépouille : "De moins en moins de vétérans se présentent aux élections présidentielles. Malheureusement, les traditions se perdent".

Adam, quant à lui, avait 1 an quand Bush père était élu président. "J'ai été élevé dans une famille démocrate. De fait, je n'ai jamais été un grand fan du clan Bush. Mais vous voyez, le monde n'a jamais été aussi divisé qu'aujourd'hui. Et je veux être fier d'être américain. Je suis ici avec des milliers de gens pour honorer un homme qui avait de grandes valeurs morales, qui s'est impliqué à changer le monde et le rendre meilleur".

Dans quelques heures, les obsèques de George H.W. Bush auront lieu en la Cathédrale nationale de Washington. Sa famille, mais également Donald et Melania Trump, Barack et Michelle Obama, et bien d'autres sont attendus. La dépouille s'envolera ensuite vers College Station, une ville du Texas, où le 41è président des États-Unis reposera auprès de sa femme Barbara, décédée en avril dernier. 

Les coulisses de la santé des présidents américains

Depuis son élection, plusieurs psychiatres et journalistes s'inquiètent de l'état de santé mentale de Donald Trump. Plus récemment, la publication du livre de Michael Wolff Fire and Fury: inside the Trump White House (Feu et Furie: à l'intérieur de la Maison Blanche) a relancé le débat sur la capacité de Donald Trump à gouverner. Trump n'est cependant pas le premier président américain dont la santé physique ou mentale inquiète. D'autres présidents célèbres, comme John F. Kennedy et Theodore Roosevelt, ont eux aussi fait l'objet de polémiques. Retour sur ces présidents dont l'état de santé a inquiété.

Abraham Lincoln

Abraham Lincoln souffrait de dépression sévère parfois accompagnée de symptomes psychotiques. Bien que jamais diagnostiqué à son époque, les historiens et psychiatres qui ont étudié l’ancien président s’accordent aujourd'hui pour dire qu’il souffrait de dépression clinique.

Woodrow Wilson

Un des secrets les mieux gardés de la présidence des États-Unis reste celui de l'état de santé du président Woodrow Wilson, en fonction de 1913 à 1921. Lors de la conférence de la paix à Paris en 1919, Wilson est en très mauvaise santé. Le président souffre de réactions délirantes et de graves altérations cérébrales. En octobre 1919, il est victime d'un arrêt cardiaque et se trouve incapable d'exercer pendant quelques jours. Ces épisodes sont gardés secret par son docteur, Dr. Grayson, et sa femme Edith qui l'isolent de son Premier ministre, de son cabinet et surtout de son peuple. Les Américains n'apprennent la vérité que des décénnies plus tard.

Franklin D. Roosevelt

Franklin D. Roosevelt, atteint de paralysie des jambes, est le seul président handicapé à avoir été élu. Cependant, la plupart des Américains ne connaissaient pas la gravité de sa maladie. Les photos du président étaient prises sous un certain angle permettant de cacher au mieux son fauteuil roulant. Ses apparitions publiques étaient, quant à elle , limitées.

John F. Kennedy

John F. Kennedy n'était pas en très bonne santé. Atteint de la maladie d'Addison, une maladie provoquant un déficit d'hormones, et souffrant de fortes douleurs au dos, il prenait énormément de médicaments, notamment de la cortisone à forte dose. Kennedy et son entourage tenaient absolument à ce que ses problèmes de santé demeurent inconnus du grand public. Lorsque le camp de son rival, Richard Nixon, a révélé, durant la campagne électorale de 1960, que John F. Kennedy était atteint de la maladie d’Addison, Kennedy et son équipe ont répliqué en publiant une fausse déclaration de son médecin expliquant qu'il était en parfaite santé.

Ronald Reagan

En 2011, Ron Reagan, le fils de l'ancien président Ronald Reagan, publie un mémoire à propos de son père. Il confie avoir remarqué des signes précoces de la maladie d’Alzheimer durant le second mandant de son père. Cependant, cette version n’a été confirmée par aucun médecin lors de la présidence de Ronald Reagan et demeure contestée par certains membres de sa famille. Michael Reagan, le demi-frère de Ron Reagan, rejette également ces suppositions. D'anciens membres du cabinet de Ronald Reagan rejettent eux aussi cette théorie  soulignant le manque de preuves officielles de la maladie.

Donald Trump

Réputé pour son extravagance et sa personnalité volatile, le comprtement de Donald Trump a suscité plusieurs inquiétudes chez ses opposants dès le début de sa campagne électorale. Des psychiatres contactés par des élus démocrates, dont Brandy Lee de l'université de Yale, ont même diagnostiqué au président Américain une "incapacité présidentielle". Cependant, conformément à l'association des psychiatres américain, cette pratique est illégale puisqu'il est interdit de diagnostiquer un individu sans l'avoir rencontré personnellement en tant que patient.

La toile et les médias se sont malgré tout très vite emparés de cette affaire, poussant Donald Trump à réagir. Afin de faire taire la polémique, le président a procédé à son premier bilan de santé un an après la prise de ses fonctions. Le médecin du président, Ronny Jackson, a affirmé dans une conférence de presse que le président était "en parfaite santé" et totalement apte à gouverner. Donald Trump a aussi effectué un test cognitif lors duquel il a obtenu le score maximum, refutant du même coup les critiques sur son incapacité présidentielle.

Justine Le Page

Promesses, actes et flops... Bilan de Donald Trump après un an au pouvoir

Un an après son élection, dix mois après son investiture à la Maison-Blanche, quelles promesses de campagne Donald Trump a-t-il réellement tenu ?

Dates clés

8 novembre 2016 : Donald Trump, candidat républicain, bat la candidate démocrate Hillary Clinton. Il devient le 45e président des États-Unis et succède à Barack Obama.

20 janvier 2017 : Donald Trump s'installe à la Maison-Blanche et prête serment devant le Capitole à l'instar de ses prédécesseurs : "Ensemble, nous rendrons sa force à l'Amérique. Nous rendrons sa richesse à l'Amérique. Nous rendrons sa fierté à l'Amérique. Nous rendrons sa sécurité à l'Amérique. Et, oui, nous rendrons sa grandeur à l'Amérique".

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Six exemples de promesses de campagne

Eriger un mur entre les États-Unis et le Mexique : non tenue

Le 26 octobre dernier, les sociétés de construction sélectionnées ont présenté à San Diego huit prototypes de murs. Ce rempart entre les deux pays a pour but de stopper l'immigration illégale. Lors de sa course à la présidentielle, Donald Trump avait assurer que l'édification du mur serait prise en charge par le Mexique. Mais ce dernier refuse catégoriquement de payer la facture. Le coût total est évalué entre 12 et 25 milliards de dollars selon certaines estimations. Aucune date n'a été annoncée quant au début des travaux.

Annuler et supprimer Obamacare : non tenue

L'Obamacare, connu sous le nom d'Affordable Care Act, est une sécurité sociale universelle destinée aux plus pauvres. Mise en vigueur le 1er janvier 2014 sous l'administration démocrate sortante, cette couverture assure une protection médicale à 20 millions d'Américains. 

Malgré plusieurs recours devant la justice, la "Trumpcare" n'a pas réussi à évincer l'Obamacare.

Retrait des États-Unis de l'Accord de Paris : tenue

Le 1er juin dernier, l'actuel président américain a confirmé le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris. En 2015, 195 pays s'étaient engagés lors de la COP21 à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici 2050. Au contraire de son prédécesseur, Donald Trump a assuré que ce retrait était dans l'intérêt du peuple et au nom de la défense des emplois américains.

En 2012 déjà, le septuagénaire affirmait que "le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l'industrie américaine non-compétitive".

Les États-Unis doivent patienter trois ans à compter de leur retrait effectif du traité (intervenu le 4 novembre 2016), puis respecter un préavis d'un an. Le pays sortira donc de l'accord en novembre 2020, au moment de la prochaine élection présidentielle.

Instaurer un décret anti-immigration : tenue

Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a interdit l'entrée sur le territoire américain des ressortissants de pays majoritairement musulmans. La liste des pays visés par cet arrêté migratoire s'élève à huit : la Corée du Nord, le Venezuela, le Tchad, l'Iran, la Libye, la Syrie, la Somalie et le Yémen. Le Soudan, visé par la précédente ordonnance, a été retiré de la liste.

Les mesures de restriction varient selon les pays et n'ont, a priori, pas de limite dans le temps. Concernant l'interdiction dont le Venezuela est la cible, elle se limite aux membres d'une longue liste d'instances gouvernementales vénézuéliennes et à leur famille.

Engager une coopération avec la Russie : non tenue

Le 7 juillet dernier, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entretenus en tête à tête en marge du G20 à Hambourg. "Il y a eu une alchimie positive" entre les deux dirigeants, assurait le chef de la diplomatie américaine, en faisant le compte-rendu de la rencontre. Mais les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine pèsent dorénavant dans la balance.

Travailler pour le peuple et moins jouer au golf : non tenue

"Je travaillerai pour vous, je n'aurai pas le temps de jouer au golf" avait assuré Donald Trump lors de sa campagne présidentielle. Une promesse non tenue puisqu'il s'est exercé 61 fois à cette discipline depuis son élection. Fin août, il avait déjà pris 53 jours de vacances, contre 15 pour Barack Obama à la même période de son mandat.

Yelen Bonhomme-Allard 

Qui est Larry Flynt, le roi du porno qui offre des millions contre des informations

Larry Flynt est un homme d'affaires américain âgé de 74 ans, originaire du Kentucky, et fils aîné d'une famille très modeste. Grâce à quelques économies, il fonde en juillet 1974 le magazine pornographique Hustler, un concurrent direct de Playboy, fondé par Hugh Hefner. Contrairement à ce dernier, Larry Flynt se targue de dévoiler intégralement la nudité de ses modèles féminins.

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Il publie dans l'édition d'août 1975 des clichés inédits de Jacqueline Kennedy Onassis, achetés pour la modique somme de 18 000 dollars à un paparazzi. La popularité du magazine connaît une ascension fulgurante, si bien qu'1 million d'exemplaires de cette édition sont vendus en à peine quelques jours.

En 1977, il rencontre la soeur du président américain Jimmy Carter (39e dirigeant des États-Unis), Ruth Carter Stapleton qui voue une totale dévotion à Jésus. Cette relation amicale bouleverse Flynt, à tel point qu'il devient un Born Again Christian, se convertit au christianisme et songe à transformer Hustler en un magazine chrétien.

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Un an plus tard, le 6 mars 1978, Joseph Paul Franklin, tueur en série et membre du Ku Klux Klan, ouvre le feu sur le fondateur d'Hustler. Celui-ci perd l'usage de ses jambes. Il se fait alors confectionner un fauteuil roulant en plaqué or estimé à 80 000 dollars.

Contre toute attente, le millionnaire livre un plaidoyer contre la peine de mort en octobre 2013, et demande à l'État du Missouri de ne pas exécuter son assaillant. Sa requête est refusée, Joseph Franklin est condamné à mort par injection létale un mois plus tard.

Un habitué des récompenses

Une chose est sûre, Larry Flynt aime interférer dans la politique. Et le milliardaire est bien conscient que l'argent comme monnaie d'échange aide à délier les langues. En 1988, pendant l'affaire "Lewinsky" (ou "Monicagate"), Flynt avait offert 1 million de dollars à quiconque offrirait la preuve qu'un membre du Congrès ou un haut responsable politique était lié à une affaire à caractère sexuel, afin de dénoncer l'hypocrisie à l'égard de Bill Clinton. À la suite de ses investigations, Robert Livingston, un élu républicain, est contraint de démissionner.

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Larry Flynt a réitéré le processus dimanche 15 octobre. La milliardaire s'est offert une pleine page du journal le Washington Post, dans laquelle il promet 10 millions de dollars à quiconque lui fournirait des preuves compromettantes pouvant destituer Donald Trump. "Je ne m'attends pas à ce que les potes milliardaires de Trump le dénoncent, mais je suis sûr qu'il y a beaucoup de gens qui savent des choses et pour qui dix millions de dollars représentent beaucoup d'argent" ont pu lire les lecteurs du quotidien.

Selon l'annonce, l'adresse électronique et le numéro de téléphone sont mis en service pendant deux semaines, et ce, à compter du 15 octobre dernier.

Yelen Bonhomme-Allard

Donald Trump, l'homme qui change d'avis plus vite que son ombre

Samedi dernier, une jeune femme est décédée lors d'une manifestation à Charlottesville (Virginie) opposant des suprémacistes blancs et des militants antiracistes. Les réactions contradictoires de Donald Trump quant à ces violences ont indigné l'Amérique. Retour sur quatre jours de déclarations incohérentes.  

Acte 1 : Samedi 12 août, Donald Trump évoque évasivement les violences à Charlottesville

Donald Trump prend la parole pour la première fois le samedi 12 août, jour des affrontements à Charlottesville. À ce moment là, il est encore dans son golf de Bedminster dans le New Jersey, où il passe ses vacances. Pendant son allocution, le président condamne les actes de brutalité, sans toutefois désigner explicitement les agresseurs : "Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces excès de haine, d'intolérance et de violence venus de tous les côtés, de tous les côtés !"

Il ignore par la suite les questions des journalistes lui demandant s’il dénonce aussi l’idéologie nationaliste. Cette déclaration teintée d'indulgence à l'égard des mouvements extrémistes a laissé des milliers d'Américains confus. Ces derniers déplorent l'absence de prise de position stricte par le président.

Acte 2 : Lundi 14 août, Donald Trump condamne fermement le racisme

Lundi 14 août, face aux nombreuses critiques, Donald Trump quitte alors précipitamment sa propriété dans le New Jersey pour regagner la Maison-Blanche, située à Washington D.C. Devant les caméras, il change alors de ton blâmant avec autorité les actes racistes des groupes d'extrême droite. "Le racisme c'est le mal. Et ceux qui déchaînent la violence en son nom sont des criminels, des voyous y compris le Ku Klux Klan, les néonazis, les suprémacistes blancs et autres groupes haineux qui s'opposent à tout ce qui nous est cher en tant qu'Américains" a-t-il affirmé.

Acte 3 : Mardi 15 août, Donald Trump fait volte-face en accusant les deux camps de militants 

Mardi 15 août, Donald Trump donne une conférence de presse depuis la Trump Tower à New York. Il revient alors sur les heurts qui ont éclaté à Charlottesville : "Vous aviez un groupe d’un côté qui était agressif. Et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent. Personne ne veut le dire sauf moi". Dans son discours, le président américain renvoie alors dos à dos les suprémacistes blancs et les antiracistes, avant de prendre à partie les journalistes : "Je pense qu'il y a des torts des deux côtés. J'en ai aucun doute et vous non plus". 

Trop, c'est trop

Ses propos sont jugés inacceptables par les soutiens de Donald Trump et les réactions en cascade ne se font pas attendre. Huit de ses conseillers économiques et grands patrons ont annoncé leur démission. Parmi eux, Brian Krzanich, directeur général des puces informatiques Intel, Kevin Plank, fondateur de l'équipementier sportif Under Armour, et enfin Kenneth Frazier, patron du géant pharmaceutique Merck & Co.

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Dans cette affaire, le locataire de la Maison-Blanche peut compter sur un fidèle appui : David Duke. L'ancien responsable du Ku Klux Klan a salué le "courage" du président américain qui s'en est, selon lui, pris au "terrorisme gauchiste"

Yelen Bonhomme-Allard

De gauche à droite : Michelle Obama, Laura Bush, Hillary Clinton, Barbara Bush, et Rosalynn Carter, le 25 avril 2013 à Dallas (Texas). © Lawrence Jackson

Le statut institutionnalisé de la Première dame aux États-Unis

En France, Emmanuel Macron souhaite accorder un statut légal à sa femme Brigitte Macron. Quelle est la place de la Première dame aux États-Unis ? 

À l'origine, le terme "First Lady" (Première dame en français) concernait uniquement la femme du président des États-Unis, qui assumait un rôle protocolaire aux côtés de son conjoint. Bien qu'il ne soit pas inscrit dans la Constitution, ce statut est plus institutionnalisé qu'en France. Au pays de l'Oncle Sam, dans une société où les valeurs chrétiennes sont très importantes, l'image de la famille traditionnelle prime. Ainsi, lors des apparitions publiques du président, les Américains apprécient qu'il soit entouré de sa femme et de leurs enfants.

Depuis la loi du 2 novembre 1978, entrée en vigueur sous la présidence de Jimmy Carter, l'épouse du chef d'État ne perçoit pas de salaire. Cette dernière est avant tout l'hôtesse de la Maison-Blanche. Un bureau lui est mis à disposition afin de recevoir son équipe de conseillers. Elle possède également un compte Twitter, sous le pseudonyme FLOTUS "First Lady of the United States".

Lorsque son mari accède au pouvoir, la First Lady a l'obligation de cesser ses activités professionnelles afin de se consacrer à des actions caritatives ou humanitaires.

Retour sur l'engagement des quatre dernières First Ladies américaines 

Melania Trump, l'effacée

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Avant d'épouser Donald Trump le 22 janvier 2005, Melania Trump était mannequin pour plusieurs grandes maisons de haute couture. Depuis 2006, elle consacre la totalité de son temps à l'éducation de leur fils, Barron. Interrogée par le New York Times, pendant la campagne électorale de son mari, sur son rôle en tant que potentielle First Lady, elle avait déclaré vouloir s'engager contre la cybercriminalité. Mais depuis son entrée à la Maison-Blanche, il y a 7 mois, Melania se fait très discrète.

Son statut de Première dame est en quelque sorte substitué par sa belle-fille Ivanka Trump. Cette dernière apparaît régulièrement aux côtés de son père lors d'événements officiels, tels que les visites du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et de la Chancelière allemande, Angela Merkel. 

Michelle Obama, la militante

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Michelle Obama, quant à elle, a été l'une des First Ladies les plus impliquées dans l'Histoire de la Maison-Blanche par son engagement au sein de la vie politique et de la société américaine. Diplômée de la faculté de droit d'Harvard, spécialité marketing et propriété intellectuelle, l'ancienne First Lady a lutté contre l'obésité infantile et s'est battue en faveur de l'éducation durant les deux mandats du président sortant, Barack Obama. En tant que Première dame, elle avait créé la campagne Let's Move dans le but de promouvoir, chez les jeunes, la nécessité d'une alimentation équilibrée accompagnée d'une pratique sportive. 

Laura Bush, la féministe

U.S. first lady Laura Bush pauses before a speech at the World Economic Forum on Saturday, May 21, 2005, in Southern Shuneh, Jordan. (AP Photo/Evan Vucci)

Laura Bush, femme de George W. Bush et belle-fille de Georges H. W. Bush (président des Etats-Unis de 1989 à 1993), a été la Première dame du pays de 2001 à 2009. Cette ancienne institutrice avait à coeur de promouvoir le droit des femmes en Afghanistan ainsi que l'accès à l'éducation pour les enfants défavorisés. En hommage à sa mère, qui a survécu à un cancer, elle soutenait la lutte contre les maladies cardiaques chez les femmes. En mai 2005, elle a également effectué un voyage au Moyen-Orient en tant qu'ambassadrice de la paix.

Hillary Clinton, la politique

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Lors de son premier mandat entre 1992 et 1996, Bill Clinton avait confié à sa femme Hillary la mission de réfléchir sur le système de santé américain. Cette tentative s'était cependant soldée par un échec en 1994, lui enlevant toute crédibilité. Une partie de la population américaine pensait que la First Lady s'impliquait trop dans la politique de son mari. Par la suite, elle a continué de défendre son projet d'amélioration du système de santé américain par le biais de campagnes de vaccinations obligatoires pour les enfants. En 2016, elle a été candidate à l'élection présidentielle américaine pour le Parti des Démocrates. Si elle avait été élue, son mari, Bill Clinton, serait alors devenu le premier First Gentleman de la Maison-Blanche. 

Yelen BONHOMME-ALLARD

 

Plus d'un demi-siècle après sa mort, John Kennedy est encore présent dans les mémoires

Cette semaine nous vous emmenons sur les traces de John Fitzgerald Kennedy, devenu une icône source de glamour et d'intrigue. Il est le deuxième président le plus apprécié de l'histoire des États-Unis, derrière Abraham Lincoln.

John Fitzgerald Kennedy, également connu par ses initiales JFK, est né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et a été assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas). Il est le second d'une famille de neuf enfants. Entré en fonction à la Maison-Blanche le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans, il est le 35e président des États-Unis mais aussi le plus jeune président élu dans l'histoire du pays. Après seulement trois ans à la tête du pouvoir, JFK a été tué par balles, en service, sous les yeux de sa femme.

Marié à Jacqueline Bouvier le 12 septembre 1953, JFK deviendra le père d'une fille Caroline en 1957 et d'un garçon John en 1960. Deux autres enfants, Arabella mort-née (1956) ainsi que Patrick naît prématurément et mort deux jours plus tard (1963) reposent au cimetière National d'Arlington, dans la balnlieue de Washington D.C, auprès du couple.

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John Fitzgerald Kennedy a marqué l'histoire du pays par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin et enfin sa politique d'égalité entre les personnes blanches et celles de couleurs. Il aurait eu 100 ans en mai 2017.

Reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini, Louise Dewast et Arielle Monange

"Make our planet great again" : Emmanuel Macron met la toile à ses pieds

A la suite de l'annonce de Donald Trump jeudi 1er juin, quant au retrait des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron a réagit en français puis en anglais dans une vidéo. Publiée en direct sur les réseaux sociaux, celle-ci marquera sans doute le quinquennat du président de la République.

Moins de 24h après sa diffusion, la vidéo a deja fait le tour du monde. Aimée près de 100 000 fois et retweetée 41 000 fois, la citation "Make America great again", détournée pour l'occasion en "Make our planet great again" est devenue virale. L'ironie de cette punchline à peine masquée, en référence à la campagne présidentielle de Donald Trump, a suscité de nombreuses réactions sur la toile. #makeourplanetgreatagain est devenu l'un des hashtags le plus utilisé sur le réseau social Twitter.

Une photo du slogan, postée sur le compte officiel du président français, a elle aussi été reprise par les internautes. Un peu moins de 200 000 fois pout être exact. En ponctuant son allocution de la sorte, Emmanuel Macron s'assure un tour de force diplomatique, mais affirme également sa volonté de s'imposer sur la sphère internationale.

Ce coup de communication est un réel coup de projecteur. En position de leader, Emmanuel Macron, s'adresse directement, dans la langue de Shakespeare et sans y être invité par la Maison Blanche, aux entreprises américaines. Un geste inédit défiant ouvertement le président américain.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Eviter Trump pendant une semaine ou comment tirer les leçons d'une overdose médiatique

Farhad Manjoo, journaliste au New York Times, s'est lancé un défi de taille: ne pas entendre parler de Donald J. Trump dans les médias pendant une semaine. "Je voulais voir ce que je pourrais apprendre sur les médias modernes en y observant l'omniprésence de M. Trump," raconte-t-il dans un article publié le 22 février.

"Inévitable"

Ce qui devait d'abord ressembler à un défi personnel pour ce journaliste passionné s'est transformé en une tâche presque impossible dans la pratique, tant le 45ème président des Etats-Unis est partout. "D'une certaine manière, mon expérience a échoué: je ne pouvais quasiment pas trouver d'article sans Trump," reconnait Manjoo.

Selon lui, la couverture médiatique du businessman devenu président a atteint des niveaux sans précédent. En cause: Trump, évidemment, mais aussi les réseaux sociaux et le comportement des médias.

"Je me suis demandé si nous n'étions pas en train de surdoser Trump, à l'exclusion de tout le reste," remettant en question son propre comportement. Une réflexion qui avait déjà émergé durant la campagne présidentielle puisque cette attention médiatique lui avait largement servi de publicité gratuite.

Donald J. Trump est dans tous les journaux, qu'ils soient politiques ou pas. Pour le journaliste, Trump n'est plus seulement le message, il est devenu le moyen par lequel toutes les histoires sont racontées. Il est devenu "inévitable".

Point commun entre Amazon, le Bachelor et la NBA

Afin d'éviter d'avoir à faire au locataire de la Maison Blanche, Farhad Manjoo s'est tourné vers des sites internationaux comme la BBC ainsi que des sites spécialisés, tout en continuant de consulter les réseaux sociaux. Mais, même en utilisant ces plateformes, difficile d'échapper au businessman. "Et sa présence ne s'arrête pas à l'actualité".

Du Bachelor à Amazon - qui lui suggère l'achat de papier hygiénique à l'effigie de Donald Trump pour la Saint-Valentin - en passant par la série The Big Bang Theory, les Grammys, les Golden Globes, le Super Bowl et la NBA, rien ne lui résiste. Seuls Instagram et Snapchat semblent plus imperméables aux aventures du milliardaire.

La personne la plus "connue" de l'histoire?

Mark Wilson:Getty Images

Photographes rassemblés autour de Jeff Sessions et Charles E. Grassley le 29 novembre au Capitole. Mark Wilson/ Getty Images. 

Selon Farhad Manjoo, "il est probable que personne n'ait été aussi connu que M. Trump aujourd'hui". Si cette affirmation est difficile à prouver, la comparaison de quelques chiffres permet néanmoins au journaliste du Times de parvenir à un résultat presque inquiétant: la couverture médiatique de Trump dépasse à elle seule d'environ 1000 dollars celle des 1000 personnes les plus connues rassemblées.

Un volume insoutenable

Bien que reconnaissant qu'il est essentiel de traiter en profondeur les actions de la nouvelle administration, l'article pointe du doigt l'amplification créée par l'écosystème médiatique: "Trump ne représente pas 90% de ce qui est important dans le monde". D'autant plus qu'il n'est président que depuis un mois.

Un rythme qui parait donc difficilement tenable pendant le reste du mandat selon le journaliste, qui pense que la scène médiatique ne doit surtout pas se cantonner à un seul sujet.

"Les journaux des Première et Deuxième Guerres Mondiales étaient remplis de sujets n'ayant pas trait à la guerre. Les journaux d'aujourd'hui comprennent eux aussi de nombreux articles qui ne sont pas reliés à Trump, mais beaucoup d'entre nous ne lisent plus les journaux. Nous lisons Facebook, nous regardons la télé, et là, M. Trump est ce dont tout le monde parle, en excluant presque tout le reste."

Eviter Trump pendant une semaine c'est donc réaliser l'overdose du personnage dans les médias et se rendre compte de l'urgence d'un changement de son traitement médiatique. Dans un contexte de rejet des médias et d'attaques constantes envers les journalistes, les pratiques journalistiques sont plus que jamais scrutées.