Les cinq anciens présidents américains appellent aux dons pour les sinistrés de Houston

Dans une vidéo publiée le 7 septembre sur YouTube, cinq anciens président des États-Unis se sont unis dans une campagne d'appel aux dons, pour soutenir les victimes de Houston suite au passage de la tempête tropicale Harvey.

Les premières secondes de la vidéo s'ouvrent sur la déclaration de Bill Clinton, 42eme président des États-Unis : "L'ouragan Harvey a entrainé de terribles destructions, mais il a aussi révélé le meilleur de l'humanité". Puis Barack Obama, Jimmy Carter, George W. Bush et George H. W. Bush prennent successivement la parole.

Tous sollicitent la générosité des Américains pour aider le Texas à se reconstruire après le passage de la tempête tropicale Harvey le 25 août dernier et le week-end qui a suivi. Dans sa course, le phénomène métrologique a détruit des milliers de foyers, tué soixante personnes et causé des milliards de dégâts. Harvey avait ensuite soufflé en direction de la Louisiane.

Les dons récoltés par le biais de la plateforme en ligne OneAmericaAppeal permettront également de venir en aide à la Floride, touchée depuis dimanche par l'ouragan Irma classé en catégorie 5. À ce jour, trois millions de foyers sont sans électricité et des millions d'habitants ont été contraints de s'exiler sur les routes du nord. Irma se dirige désormais vers l'État de la Georgie où les vents resteront forts, mais perdront légèrement de leur intensité.

Donald Trump prend part à l'initiative après coup 

Dans un tweet publié sur Twitter le 7 septembre en début de soirée, Donald Trump a emboîté le pas à ses cinq prédécesseurs. "Nous ferons face à N'IMPORTE QUEL défi, peu importe la violence des vents ou la hauteur de l'eau. Je suis fier de me battre avec les présidents en faveur de One American Appeal" a rédigé l'actuel locataire de la Maison-Blanche.

L'absence de Donald Trump au sein de la vidéo a suscité de nombreuses moqueries de la part des internautes, qui saluent toutefois l'action solidaire des anciens présidents américains.

Yelen Bonhomme-Allard 

Coincée dans la tempête Harvey, une Française raconte son évacuation

Quand Laura Ismar a quitté la France le 21 août dernier pour devenir fille au pair aux États-Unis, la jeune éducatrice spécialisée était loin d'imaginer ce qui l'attendait. Quatre jours seulement après son arrivée, la tempête Harvey frappe Houston, sa ville d'accueil. Hier, Laura et sa nouvelle famille ont roulé toute la journée pour fuir la montée des eaux. Récit. 

"C'est la panique. Nous sommes en voiture en train d'évacuer vers l'ouest, mais nous ne savons pas vraiment où aller". Il est 13h19, lundi 28 août, lorsque le premier contact est établi avec Laura. Par l'intermédiaire de Facebook, la jeune femme âgée de 22 ans envoie régulièrement des messages ainsi que des photos décrivant le chaos et les inondations qui l'entourent. "Tout le monde parle vite, je ne comprends pas tout. Je sais seulement que la situation est vraiment préoccupante" rédige Laura à la hâte, dont le niveau d'anglais est encore faible.

Capture d’écran 2017-08-29 à 16.19.31

Laura a découvert New York pour la première fois.

En arrivant aux États-Unis, Laura était loin de se douter qu'elle serait un jour témoin d'un tel désastre. Basée pendant quatre jours dans l'État de New York pour une formation, Laura s'envole vendredi dernier pour Sienna Plantation, dans la banlieue sud de Houston, où habite sa famille d'accueil. Inquiète, elle s'informe régulièrement sur internet de la progression de la tempête tropicale, encore catégorisée comme ouragan. Son vol est maintenu, mais un élément la trouble : "L'avion était vide. Il devait y avoir 30 passagers tout au plus. Je me suis demandée si les gens avaient annulé au dernier moment leur voyage".

Malgré quelques turbulences, l'appareil atterrit sans encombres au Texas. L'excitation de la Française dissipe toutes craintes quant à l'approche imminente d'Harvey. Pourtant, ce dernier est proche, avec dans son sillage ses premières manifestations météorologiques. Des pluies torrentielles s'abattent sur la ville pendant tout le week-end, faisant presque déborder la rivière proche de la maison. "Les parents étaient constamment branchés sur les chaînes d'information. Ils ont  même commencé à scanner les documents importants comme les carnets de santé et les passeports" relate Laura.

Un risque d'inondation trop important

Laura comprend que la situation se dégrade hier matin quand le père de la famille fait irruption dans la cuisine. "J'étais en train de préparer des crêpes lorsqu'il nous a dit : Préparez des affaires pour les enfants, préparez des affaires pour vous. Dès que vous êtes prêtes, on y va", se souvient aux mots près la jeune Française. Cette dernière se précipite alors dans sa chambre et pioche au hasard des vêtements qu'elle jette dans un sac. Elle prend également le soin d'envelopper son passeport et son visa dans un sac plastique pour les protéger de l'eau.

Avant de quitter la maison, les parents, Laura et Magdalena, l'autre fille au pair de la famille, mettent en sureté le mobilier et les objets électroniques au premier étage. La famille charge les deux 4x4 stationnés devant la maison et se sépare : Laura accompagne la mère et ses deux fillettes âgées de 4 et 6 ans, tandis que Magdalena suit le père et son fils de 9 ans. "Quand la maman s'est mise à prier, j'ai vraiment paniqué. Je ne comprenais pas tout mais pendant tout le trajet, elle répétait sans cesse : "Thanks God" et "Jésus", se remémore Laura.

Un périple long et dangereux

Capture d’écran 2017-08-29 à 16.18.45

L'inondation des routes rend la conduite difficile.

Les deux véhicules foncent en direction de l'ouest, afin de s'éloigner de la trajectoire de la tempête qui se dirige vers la Louisiane, à l'est de Houston. Assise sur le siège passager, Laura immortalise avec son téléphone les routes complètement inondées. Les aires de jeux, les piscines et les parcs sont submergés. Les marques de signalisation au sol sont invisibles, si bien que la famille roule parfois sur les trottoirs. "Ce n'est que lorsque les roues heurtaient la bordure qu'on s'en rendait compte".

Les yeux rivés sur son portable, Laura est en charge d'informer la mère de famille de l'état des routes. "Nous avions un groupe WhatsApp sur lequel des amis des nous envoyaient constamment des indications sur les itinéraires à prendre". 

300 km en 7 heures 

Soudain, la voiture conduite par le père tombe en panne. Impossible de la redémarrer. Son fils, Magdalena et lui sont alors secourus par un groupe de résidents mexicains qui les transportent dans leur remorque jusqu'au second véhicule, où ils s'entassent avec le reste de la famille. Par chance, un convoi de la Garde nationale qui se dirigeait vers Houston les aide à tracter le véhicule immobile hors de l'eau. "Nous avons été obligés de l'abandonner sur un pont, en espérant le retrouver intact au retour" confie Laura, abasourdie par le souvenir de cette scène chaotique. "Je me croyais dans un film".

Capture d’écran 2017-08-29 à 16.33.09

Magdalena et Laura gardent le sourire malgré cette incroyable aventure.

La famille texane pose finalement ses valises dans un hôtel d'Austin vers 18h00. Il aura fallu sept heures pour parcourir les 300 kilomètres séparant les deux villes. En temps normal, trois heures suffisent. Laura peut enfin rassurer ses parents en France. Pour la première depuis son arrivée dans le pays, elle voit enfin le soleil. "En une semaine, j'ai dû faire face à un ouragan. Malgré tout, cette épreuve ne m'a pas donné envie de rentrer en France".

Yelen Bonhomme-Allard 

Ouragan Harvey : quatre histoires insolites pendant l'horreur

Depuis vendredi 25 août, l'État du Texas fait face aux assauts de l'ouragan Harvey, rétrogradé en tempête tropicale. Dans les inondations, trois personnes ont trouvé la mort, mais, selon le gouverneur Greg Abbott, il est encore trop tôt pour dresser un bilan humain officiel. De nombreux quartiers sont encore inaccessibles aux sauveteurs. 

Un prête embarque sur un kayak pour acheter du vin de messe

Dimanche 27 août, David Bergeron, prêtre Canadien Français, est devenu le héros de sa communauté. Interrogé au micro de la chaîne ABC 13 sur son embarcation, le religieux a expliqué qu'il voulait remonter le moral aux habitants en officiant la messe. À bord de son kayak, il s'était donc donné pour mission d'acheter du vin de messe. Malheureusement, une fois amarré à l'épicerie, il a réalisé que la vente d'alcool est interdite le dimanche matin avant midi à Houston. "Je ne suis pas habitué à acheter de l'alcool si tôt le matin" a-t-il raconté au journaliste en riant.

Une maison de retraite évacuée grâce à un tweet

Capture d’écran 2017-08-28 à 16.25.19

© Compte Twitter de Timothy McIntosh

Le cliché a été relayé 4 500 fois sur Twitter. Dimanche 27 août, Timothy McIntosh a publié sur le réseau social une photo à la demande de sa belle-mère, gérante de la maison de retraite Vita Bella, située à Dickinson (Texas). Plusieurs personnes âgées - 18 au total - y apparaissent prisonnières des eaux, immergées jusqu'à la taille, dans l'attente des secours. Au premier plan, l'une des résidentes semble prendre son mal en patience en s'adonnant au tricot.

Suite à la publication de cette image, les internautes ont été sceptiques tant la scène est surréaliste. Interrogé par le Daily News, David Popoff, coordinateur des urgences de la ville, a cependant confirmé la prise en charge de tous les retraités : "Nous avons évacué des grands-mères et des grands-pères". Le lendemain, Timothy McIntosh a de nouveau publié un message indiquant que les pensionnaires, ainsi que les chats de l'établissement, étaient tous sains et saufs. Il a également tenu à remercier les internautes pour le partage de l'information.

Un homme pêche à domicile, dans son salon inondé 

Comme des milliers d'habitations, la maison de cette famille texane n'a pas été épargnée par la tempête tropicale. Mais au lieu de s'apitoyer sur son sort, cette famille a fait de ce tragique événement un moment de rigolade. Viviana Saldaña a publié sur Facebook, dimanche, une vidéo de son père en train de pêcher à mains nues dans le salon. Après quelques plongeons ratés, l'homme est parvenu à attraper sa proie sous les exclamations hilares de sa famille. 

Un journaliste reçoit des bières à l'antenne

Vendredi 25 août, Casey Stegall, reporter de la chaîne de télévision FOX News est apparu en direct le visage fouetté par les trombes d'eau. Devant la caméra et les téléspectateurs, il a lutté de longues minutes face à des conditions météorologiques particulièrement violentes. Quand soudain, le journaliste s'est fait interrompre par une habitante du Texas - elle aussi trempée jusqu'aux os - venue lui offrir des canettes de bière.

Une attention manifestement très apprécié par le professionnel : "Ce sera très sympa après ce direct sur la tempête" a-t-il déclaré en prenant dans ses bras sa bienfaitrice. Quelques heures plus tard, Casey Stegall a tenu personnellement à remercier le geste de cette femme sur son compte Twitter. "Voilà ce que j'appelle un CHOUETTE photobomb ! Elle a été vraiment adorable et m'a pris dans ses bras…Un moment de légèreté dans un reportage sur un sujet grave".

Yelen Bonhomme-Allard

La police et la justice au sein de l'école

Dans la plupart des établissements scolaires américains, la présence policière est monnaie courante. Les représentants de la loi y assurent un role de prévention et de répression. Lorsqu'il s'agit de crimes et de délits, ils renvoient les élèves devant la justice civile. Pour le reste, il ya la discipline scolaire. A la Furr High School, dans la banlieue de Houston (Texas), Bertie Simmons, madame la proviseure, a décidé de lui donner un sens. Depuis quelques années, elle a mis en place un tribunal d'un nouveau genre.

 

Reportage de Maryse Burgot, Laurent Desbois et Valerie McCabe.

Texas: Des élèves renvoyés devant le juge pour absentéisme

Face aux retards répétés, )à l'absentéisme chronique et aux insultes quotidiennes, certains proviseurs de collèges et lycées texans ont renonce. Plutôt que de régler les problèmes au sein de leur établissement, ils renvoient les élèves fautifs devant un juge qui les condamnera à de lourdes amendes ou des travaux d'intéret général. Pire, ces enfants ou adolescents verront ces peines inscrites sur leur casier judiciaire.

Reportage à Houston (Texas) de Maryse Burgot, Laurent Desbois et Valerie McCabe.

Madame la proviseure a 79 ans

Elle était à la retraite mais les autorités texanes l'ont suppliée de reprendre du service.

Ce retour date de 2000: le lycée E.L Furr à Houston (Texas) est alors gangrené par la violence: 16 gangs présents dans l'établissement font régner une violence inouïe. Aucun proviseur n'accepte d'en prendre la tête. A 65 ans, Bertie Simmons accepte. Elle vient de perdre sa petite fille dans un dramatique accident de ski. Pour honorer la mémoire de cette jeune fille de 16 ans qui "rêvait de changer le monde", Dr Bertie Simmons revient aux affaires . Elle n'a jamais été chef d'un tel établissement. Le F...word n est pas dans son langage. Elle va l'entendre en permanence dans la bouche de ses élèves.

Aujourd'hui, elle a 79 ans et est toujours à la tête de ce lycée ou 94 % des adolescents bénéficient de repas gratuits parce que leurs familles sont pauvres. Des élèves à 100% noirs ou latinos.

Stupéfiante femme de tête marchant à toute vitesse dans les couloirs du lycée malgré ses 79 ans. Respectée par tous y compris les élèves les plus durs.

Pour réussir son pari, ramener le calme dans cette école, elle a d'abord laissé partir 77 professeurs sur la centaine que compte le lycée. Elles les a encouragés à "aller voir ailleurs" s'ils considéraient que de toute façon ces élèves-là étaient déjà perdus.

Nouvelle équipe, nouvelle méthode. Plus de renvois systématiques devant un juge pour absentéisme ou insultes. Un jury interne à l'école composé d'élèves de dernière année gère une fois par semaine ces mauvais comportements. Le tribunal est présidée par Madame la proviseure. Et ça marche. Les gangs n'ont pas disparu mais leurs guerres ne se font plus dans les murs de l'école.

 Maryse Burgot