Joël Robuchon détenait 32 étoiles au guide Michelin, le plus important palmarès de l'Histoire de l'art culinaire. Photo: Valery Hache / AFP

Les Américains rendent hommage à Joël Robuchon

Il était le chef le plus étoilé. Joël Robuchon, 73 ans, est décédé, lundi 6 août, des suites d'un cancer. De Londres à Toyko, en passant par Hong Kong, le cuisinier a fait rayonner la gastronomie française dans le monde entier, y compris aux Etats-Unis. Les médias et les chefs américains n'ont pas manqué de lui rendre hommage.

Une solide implantation aux Etats-Unis

Joël Robuchon ouvre son premier restaurant aux Etats-Unis en 2005. Il porte alors son choix sur l'hôtel MGM Grand à Las Vegas. En 2006, le chef pose ses marmites au Four Seasons, à New York, mais l'établissement ferme six ans plus tard. L'année 2017 marque son retour dans la Grosse Pomme : le Français ouvre le Grill de Joël Robuchon, dans le quartier de Chelsea. Un projet similaire devait également voir le jour à Miami.

Une pluie d'éloges dans les médias

Les médias américains ne tarissent pas d'éloges au sujet du cuisinier. USA Today présente Joël Robuchon comme un "chef iconique" qui laissait ses clients entrer dans la cuisine. Pour Fox News, il est "légendaire" tandis que le Washington Post préfère le qualifier de "maître". Selon le site spécialisé Eater, Joël Robuchon "laisse derrière lui un héritage très influent".

Le monde de la cuisine en deuil

Sur les réseaux sociaux, les chefs sont nombreux à rendre hommage au "cuisinier du siècle". Parmi eux, Andrew Zimmern, connu pour ses émissions de télévision. Il se souvient d'un homme "plus que gentil".

Sur Twitter, Simon Majumdar, star de la télévision américaine, évoque une "triste perte pour le monde de la cuisine".

Quant au restaurateur Danny Meyer, il remercie Joël Robuchon pour lui avoir donné l'inspiration. Celui qui a notamment créé la chaîne de fast food Shake Shack montre ainsi que le chef français était un modèle pour tous dans le milieu de la cuisine, qu'elle soit gastronomique ou non.

Une célèbre purée de pommes de terre

Pommes de terre cuites avec leur peau, beaucoup de beurre et, surtout, pas de mixeur... La purée de Joël Robuchon est devenue iconique dans les années 1980. Dans leurs nécrologies, les médias américains, tels que Fox News et The Huffington Post, ne manquent pas de mentionner ce célèbre plat. Par la même occasion, USA Today rappelle que la cuisine de Joël Robuchon était "souvent décrite comme simple".

A l'époque, les Etats-Unis ont participé à la renommé de cette purée. Le New York Times en a publié la recette tandis que Patricia Wells, journaliste et auteur américaine, a évoqué le plat dans son livre consacré au chef, Simply french, en 1991: "Il s'est rendu compte tôt que si vous donne z aux gens des pommes de terres, des pommes de terre et encore des pommes de terre, ils seront éternellement reconnaissants, et satisfaits à jamais."

C.L

Coup de crayon d'un artiste londonien sur la vie frénétique autour de la Maison-Blanche

Le New-York Times Magazine a publié, dans son édition de mardi en Une, l'illustration d'Andrew Rae, dessinateur londonien. Le croquis, intitulé "This Town Melts Down", autrement dit, "Cette ville fond" met en exergue, avec humour, tous les faits politiques marquants depuis l'investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche.

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1. Comment expliquez-vous le choix de ce sujet ?

A. R : C'était une commande du New-York Times Magazine. A ce moment-là, je ne connaissais pas encore le titre exact du projet. Il m'a été présenté comme un "profil de la capitale pendant ce qui a été une période incroyablement tumultueuse". Peur et répugnance au temps de Trump : j'étais certain que cela aller être amusant à faire ! C'est une situation très étrange comment la pire politique engendre la meilleure des satires.

Lors de l'élaboration, je me suis beaucoup entretenu avec Gail Bichler, la directrice artistique du New-York Times Magazine. Elle m'a envoyé une liste de propositions, j'ai choisi les plus réalisables, et apporté ma touche personnelle en ajoutant quelques éléments. Par exemple, l'équipe du journal souhaitait un grand oiseau Twitter cachant le soleil. Mais je trouvais qu'une nuée d'oiseaux s'envolant de la Maison-Blanche était plus représentatif.

2. Quelles références politiques sont présentes au sein de votre illustration ?

A. R : Pour n'en citer que quelques unes, on retrouve Maggie Haberman avec un assistant lui chuchotant à l'oreille, Sergey Kislyak allongé sur un canapé et des personnes aisées en train de jouer au golf. L'Air Force one volant au-dessus du Mar-a-Lago était l'une des suggestions qui n'a pas fonctionné par exemple. J'ai soumis l'idée d'un monstre des marais et l'équipe a imaginé un monstre sortant de l'eau pour envahir la scène, ce qui était une très bonne idée.

Aussi, très tôt, nous avons décidé de ne pas introduire Donald Trump dans l'image. Tant mieux, car je suis un peu fatigué de le dessiner, bien qu'il soit représenté par une sculpture de glace dans la seconde illustration. Enfin, j'étais tenté de donner à la scène un ciel sombre, mais finalement l'opposition du ciel bleu lumineux à cette scène de chaos a plus d'impact il me semble.

3. Quels messages souhaitez-vous transmettre à travers vos réalisations ?

A. R : En général, mes dessins tentent de refléter ma vision du monde. Je ne veux pas ramener un message sous la gorge de qui que ce soit, mais je ne peux pas m'empêcher de laisser mes croyances s'infiltrer dans mon travail. Par exemple, il m'arrive parfois de dessiner le même genre d'images, mais seulement s'il s'agit de quelque chose auquel je crois. J'en tire ainsi beaucoup plus de plaisir.

4. Hormis la politique, quels sujets vous passionnent ?

A. R : J'ai écris un roman graphique intitulé Tête de lune et la machine à musique, (en anglais Moonhead and the Music Machine) que je suis actuellement en train d'adapter en programme pour enfants à la télévision. J'affectionne également la science, l'éducation, la machinerie, la technologie et l'environnement. J'aime dessiner des personnages expressifs corporellement, mais ce que je préfère c'est laisser libre court à mon stylo et découvrir quelles étranges créatures vont naître sur le papier.

Yelen BONHOMME-ALLARD

[ Revue de presse ] Débat du deuxième tour: des attaques dignes de la présidentielle américaine ?

En octobre dernier, Politico qualifiait le deuxième débat présidentiel américain de débat "le plus atroce de l'histoire". Ce matin, la presse américaine se demande si la France a voulu marcher dans les pas de l'Oncle Sam.

Un débat vicieux, brutal et grossier 

"Le Pen et Macron s'affrontent lors d'un débat présidentiel vicieux". C'est le titre de l'article publié par le New York Times à la suite du débat d'hier.

Le prestigieux quotidien américain relève l'impression d'une dispute de salle de classe: "Elle l'a coupé et lui a dit de ne pas lui faire la leçon. Il a tristement secoué sa tête, elle a ri sarcastiquement". Politico, de son côté, déplore un débat "laid, long et grossier". 

Comme une impression de déjà-vu

Une ambiance qui n'est pas sans rappeler la virulence des débats politiques américains, comme le souligne le New York Times: "Le débat s'apparentait davantage à un festival d'insultes télévisé à l'américaine plutôt qu'à une discussion raisonnée du fond à laquelle les français sont habitués (...), laissant les modérateurs impuissants".

Cet impression amère de déjà-vu a également frappé d'autres médias, comme le Washington Post, pour qui "les insultes ont volé": 

"Malgré les enjeux, l'événement a rarement atteint le niveau de discussion précise des propositions qui caractérise habituellement le discours politique français. Dans un spectacle reflétant les interactions entre Donald Trump et Hillary Clinton durant la campagne électorale américaine à l'automne dernier, Macron et Le Pen se sont pris à la gorge." 

"Oeil pour oeil, dent pour dent" 

Le Wall Street Journal, quant à lui, souligne le fait que les deux candidats "se sont vite abaissés à une bataille oeil pour oeil, dent pour dent, durant laquelle ils ont lutté pour parvenir à se mettre K.O".  

Pour le New York Times, ce dernier affrontement était "une vive démonstration de deux visions de la France radicalement différentes entre lesquelles les électeurs auront à choisir dimanche". Politico, de son côté, note que, malgré son intensité, le débat "n'a que peu de chances d'influencer la décision des citoyens à quatre jours de l'élection".

Regarder le débat sans comprendre la langue... et en tirer (presque) les mêmes conclusions

Ryan Broderick, journaliste pour BuzzFeed à Paris, a tenté d'analyser le débat malgré son petit niveau de français. Il avait aussi regardé le débat à onze et en tire une première leçon: "ce n'est pas aussi drôle sans le grand-père gauchiste énervé et le communiste qui s'ennuie".

Tout comme le New York Times, Broderick a remarqué les gestes des candidats, qui sont peut-être le seul élément qui les démarque encore de leurs homologues américains.

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"C'est ça. La politique française en une photo", écrit Ryan Broderick pour Buzzfeed.

À part le fait que "Le Pen adore en faire des tonnes", il a remarqué Nathalie Saint-Cricq, et pense qu'elle devrait "être présidente": "elle maîtrise le truc comme une championne".

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À l'image de l'ensemble du débat, le journaliste note que sa fin a été "quelque peu floue". "Tout ce que je sais c'est que Macron a répété "Madame Le Pen" encore et encore alors que Le Pen lui a crié dessus pendant un bon moment", conclut-il.

Victoria David

 

 

 

La présidentielle française vue par les médias américains

Alors que l'échéance du premier tour approche, la presse américaine redouble de créativité pour tenter d'expliquer cette campagne à laquelle même les créateurs d'House of Cards n'aurait pas osé penser.

"N'élisez pas un autre Donald Trump".  Près de cinq mois après l'élection surprise de Donald Trump, c'est au tour de la France de voter, lors d'un scrutin dont les médias américains semblent avoir pris la mesure.

"Le futur politique du pays est encore complètement incertain" 

À chaque fois c'est la même chose. Le journaliste doit se livrer au périlleux exercice de la présentation des candidats. Périlleux, car il est difficile d'établir des parallèles entre les partis français et américains, et ce d'autant plus plus qu'on assiste à une recomposition majeure du paysage politique français. Alors on fait simple: Le Pen est d'extrême droite, Fillon conservateur, Macron "centriste radical" et indépendant, Hamon socialiste et Mélenchon d'extrême gauche. Jusque-là, ça va.

C'est quand il s'agit de pronostiquer les résultats que ça se complique. Telle une bonne série Netflix, les épisodes s'enchaînent avec chacun leur lot de surprises. "L'élection française est un spectacle d'horreur," titre ainsi Slate.com, quand le Washington Post souligne "l'humeur rebelle" des électeurs ainsi que leur indécision à quelques heures du premier tour.

Difficile d'expliquer à des lecteurs américains, habitués à un système bipartisan, que quatre candidats sont au coude à coude. Slate, dans un article estimant Macron comme la moins mauvaise des solutions, envisage "quatre scénarios, dont trois cauchemardesques". 

"Pourquoi la France compte?"

"Pourquoi la France compte?", c'est la question que pose le New York Times, pour tenter de susciter l'intérêt autour de nos élections. 
"67 millions d'habitants, la sixième plus grande économie du monde, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU," égrène Aurélien Breeden. Le journaliste ajoute surtout que la France est "l'une des plus vieillies alliées des Etats-Unis". 

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Le New York Times consacre un long article à la présidentielle française le 7 mars 2017. Clémentine Boyer Duroselle.

En mettant l'élection française dans la ligne du Brexit et de la victoire de Donald Trump, les médias américains montrent ce qui est réellement en jeu dans cette élection: la confirmation, ou pas, d'une "résurgence anti-mondialiste".

 

Alors que le New York Times souligne à quelle point la politique étrangère de la France pourrait changer selon les résultats, le Time met en garde sur une sortie de la France de l'UE qui "dévasterait le bloc européen et affecterait les marchés financiers". Le Hollywood Reporter, de son côté, s'inquiète des conséquences d'une victoire de Le Pen sur les co-productions hollywoodiennes. 

Dans un article pour le New York Times, Kamel Daoud fait remarquer le "curieux déni" de la possible victoire de Marine Le Pen, qu'il qualifie d'une erreur "monstrueuse". "L'électeur français n'est peut-être pas si bon", écrit-il, dénonçant l'analyse "décalée" des autres candidats, persuadés que "l'élection de Mme Le Pen irait à contresens de l'histoire". Il dénonce un "positivisme politique", qui n'a pas vu que "Mme Le Pen a peu à peu levé les tabous et normalisé les propositions scandaleuses".

Albi, symbole d'une peur bien française

Le New York Times, qui s'est intéressé de près à la campagne présidentielle, a essayé de comprendre le succès des extrêmes à travers un prisme bien particulier, celui du "déclin des villes de province comme marqueur de l'identité" française. Pour "prendre la mesure de la décomposition en cours", le journaliste choisit Albi, à une heure de Toulouse. "Une enfilade de commerce fermés", une ville qui semble "abandonnée"...Adam Nossiter rend compte de cette tragédie française.

 

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Article du New York Times sur Albi, paru le 7 mars 2017. 

La cause de ce déclin? "Les Trente Glorieuses", selon lui. "C’est le paradoxe français: une nouvelle société de consommation a écorné “l’âme” française, ce qui a empiré, aujourd’hui, avec l’effondrement de la croissance économique."

D'où une angoisse, celle de voir disparaître ce mode de vie dont les Français sont "profondément fiers" et qui est si bien représenté par "ses villes de province de taille moyenne où Balzac situait ses romans". 

L'élection américaine, saison 2? 

Le parallèle, même s'il a ses limites, entre Marine Le Pen et Donald Trump est de tous les papiers. De là à voir dans notre élection un nouveau scrutin américain, il n'y a qu'un pas, que bien des plumes franchissent. C'est ainsi que Foreign Policy voit en Mélenchon un nouveau Bernie Sanders. "Comme Sanders, Mélanchon parle au désir des électeurs de gauche de réécrire les règles orthodoxes de la politique", peut-on lire. De son côté, le Washington Post voit une étrange similarité entre Hillary Clinton et Emmanuel Macron:

"La fin de campagne de Macron commence à ressembler aux derniers jours de campagne d'Hillary Clinton aux Etats-Unis, quand Clinton, qui partage un pédigrée "establishment" similaire et une vision économique néolibérale comparable, n'a pas réussi à convaincre les indécis ni à motiver les électeurs les plus apathiques".

"Les électeurs français ont appris au moins une chose de la victoire de Donald Trump: ils doivent se tenir prêt à une surprise", peut-on lire dans un autre article du journal, faisant ainsi écho à des dizaines d'autres journaux américains qui soulignent l'incertitude inouïe dans laquelle la France est plongée.

 

Même John Oliver, animateur du très populaire Last Week Tonight, a tenu à interpeler les Français. "Vous, en France, n'aimez rien de plus que faire mieux que la Grande-Bretagne et l'Amérique. Maintenant c'est à vous de le prouver. (...) Imaginez combien vous vous sentirez supérieurs si vous ne faites pas les mêmes erreurs que nous." Voilà, en substance le message de John Oliver, dont la voix a effectivement porté de l'autre côté de l'Atlantique.

"L'Angleterre et les Etats-Unis ont "fucked up". Ne "fuck up" pas non plus. (...) Vous valez mieux que ça. Ceci est votre chance d'être à la hauteur de la philosophie des Lumières.

Soulignant la possible perturbation des élections par la menace terroriste, les médias américains, conscients que tout est bel et bien possible, retiennent eux aussi leur souffle en attendant les résultats.

 

Victoria David

 

[Revue de presse] Barack Obama accorde des dernières réductions de peines

A moins de deux jours de la fin de son mandat, Barack Obama offre des réductions de peines et son pardon à plus de 250 prisonniers, "le plus souvent des vendeurs de drogues," selon Charlie Savage dans son article pour le New York Times. Ce nombre s'élève à 273 pour le Washington Post, "en tout, le président a réduit les peines de prison de 209 personnes et en a pardonné 64 autres". Le Wall Street Journal quant à lui, annonce que Barack Obama a offert son pardon à 212 prisonniers.

273 prisonniers ont reçu des réductions de peines ou le pardon du président selon le site officiel de la Maison-Blanche dans une déclaration faite mardi, "aujourd'hui, 273 prisonniers ont appris que le président leur avait donné une seconde chance". Cela vient à nous demander si tous les médias Américains vérifient leurs sources?

Site internet de la Maison-Blanche

Site internet de la Maison-Blanche

Néanmoins, tous se mettent d'accord pour dire que depuis 2014, Barack Obama a réduit des peines de prison à 1385 individus. "Plus que n'importe quel autre président," affirment le Washington Post et le Wall Street Journal dans une formulation de phrase exactement identique.

Tous concentrent leurs articles sur une lanceuse d'alerte qui a fait beaucoup parler d'elle ces dernières années: Chelsea Manning, une ancienne analyste du renseignement de l'armée Américaine.

Chelsea Manning

Chelsea Manning

En 2010, elle avait envoyé à Wikileaks des documents militaires classifiés secrets, et avait été jugéee par la justice militaire qui "lui a donné la plus longue peine de prison jamais donnée par les États-Unis pour des lanceurs d'alertes" écrit le New York Times. Elle devait rester en prison 35 ans.

Ces journaux citent également le républicain Paul Ryan, Président de la Chambre des représentants, "C'est tout simplement scandaleux" a-t-il déclaré.

Le NYT  explique avec plus de détails l'avis de Paul Ryan quant à la décision du président. Le journal le cite également lorsqu'il dit que c'est une décision qui met en danger la sécurité nationale. "Président Obama laisse maintenant derrière lui l'idée que ceux qui compromettent notre sécurité nationale ne seront pas tenus responsables pour leurs crimes" dit-il dans une déclaration à la presse mardi 17 janvier.

Un haut responsable de l'administration d'Obama défend la décision de ce dernier en expliquant que Chelsea Manning avait compris et avait déjà payé pour son crime. Il s'exprime au Wall Street Journal  sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité, "Chelsea Manning est quelqu'un qui a accepté la responsabilité de ses actes".

Le Président-élu Donald J. Trump avait expliqué en 2010 vouloir la peine de mort pour Manning.

Lorsque Chelsea Manning a été arrêtée en 2010, elle s'appelait Bradley Manning à ce moment-là, explique le Washington Post. Seulement 24 heures après son arrestation, Chelsea Manning a expliqué être transsexuelle et voulait qu'on l'appelle par son nouveau prénom: Chelsea.

Elle avait commencé à prendre des hormones pour avoir petit à petit l'apparence d'une femme. Lorsque sa peine a été exécutée, elle n'avait pas encore eu sa chirurgie de réattribution sexuelle.

Le New York Times déclare qu'elle avait été envoyée dans une prison pour hommes au Kansas, "la décision d'Obama était de sauver Madame Manning, qui a essayé de se suicider deux fois l'année dernière, alors qu'elle se retrouvait en situation difficile en tant que transsexuelle dans une prison pour hommes".

Chelsea Manning est déjà emprisonnée depuis 7 ans et sera libérée le 17 mai prochain.

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Le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal ont brièvement parlé de James E. Cartwright, un général de l'armée Américaine qui avait menti au FBI lorsqu'il avait donné des informations classées secrète à des journalistes à propos du programme nucléaire iranien. Cartwright faisait partie de l'équipe de sécurité Nationale de l'administration Obama et se considérait comme proche du président.

Il avait plaidé coupable lors de son procès et sa sentence devait être prononcée avant la fin du mois. Il n'aura donc passé aucun jour en prison, explique le New York Times.

Clémentine Boyer Duroselle

[Revue de presse] Et si un hallucinogène devenait un nouveau remède contre la dépression?

Le New York Times et le Washington Post du jeudi 1er Décembre 2016 parlent de deux études scientifiques  qui pourraient révolutionner les traitements pour les patients atteints de cancers, souffrant également de dépression et de crises d'angoisse.

"Une étude sur les hallucinogènes joue un nouveau rôle pour les drogues illégales," titre le New York Times.

Le Washington Post à l'inverse fait les gros titres sur un remède pour les crises d'angoisse, sans mentionner qu'il s'agit d'un remède concernant uniquement pour les patients atteints de cancers: "des psychédéliques ont été découvert pour réduire les crises d'angoisses," explique le quotidien.

Ce médicament en question est le psilocybin, un ingredient trouvé dans les champignons hallucinogènes, il a un effet immédiat sur la dépression et l'angoisse chez les patients atteints de cancers. "Le psilocybin était illégal aux Etats-Unis pendant plus de quarante ans," explique le New York Times, parce qu'il fait parti des drogues dites 'dures'.

Cette situation fait encore polémique aux Etats-Unis, certains chercheurs sont pour l'utilisation de cette drogue thérapeutique, "Il est temps de prendre les traitements psychédéliques en psychiatrie et oncology sérieusement," explique David Nutt, un psychiatre à Imperial College à Londres, lors d'une interview au Washington Post.

Bertha Madras, psychologue à l'école de médecine de Harvard explique au journal qu'il y a déjà une épidémie d'overdose dû à l'opioïde, un analgésique morphinique. Laurie McGinley, du Washington Post va encore plus loin, et a interviewé un autre chercheur qui se positionne contre l'utilisation du psilocybin.

Joshua Gordon, directeur de l'Institut National  pour la Santé Mentale  explique que ce genre de substances peuvent avoir des effets dramatiques sur le corps, "certaines personnes vont essayer de prendre ces médicaments sans l'avis d'un médecin pour voir si ça marche, et c'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on évite".

Le New York Times se positionne en faveur du psilocybin comme traitement médical. Le journaliste auteur de l'article a majoritairement reçu des témoignages de chercheurs voulant mettre ces méthodes en avant.

Le journal explique que 80% des patients atteints de cancers ont montré des signes d'encouragement, ils se sentaient moins déprimés et les crises d'angoisse avaient nettement diminuées.

Jan Hoffman, journaliste pour le New York Times présente le cas d'Octavian Mihai, 25 qui est en rémission du lymphome de Hodgkin, un cancer qui touche le système immunitaire. Lorsqu'il a commencé à être en rémission, il est devenu paranoique, pensant que son cancer allait revenir, il est tombé dans un dépression sévère et a essayé de régler ses problèmes avec l'alcool. Lorsqu'il a commencé le psilocybin, l'effet a été immédiat. Mihai dit que ce médicament lui a changé la vie "j'ai eu une épiphanie!" dit-il au journaliste. 

Des chercheurs aux Etats-Unis mais également en Europe font des recherches pour que le psilocybin ait également des effects positifs sur l'alcoolisme et l'addiction au tabac. Dr. Stephen Ross, le chef du service addiction et psychiatrie à New York University explique au New York Times, que les personnes atteintes de cancer, suivi par de sévères depressions et qui nécessitent de l'aide immédiatement, trouvent en le psilocybin le médicament idéal. "Encore plus pour ceux qui sont à haut risque de commettre un suicide".

 

Clémentine Boyer Duroselle

 

[Revue de presse] Changement climatique: désespoir des habitants d'Alaska

 

Le New York Times du mardi 29 novembre consacre une double page aux habitants d'Alaska qui se retrouvent obligés de fuir leurs villes pour survivre.

Erica Goode est connue au New York times pour ses grands reportages. Cette fois-ci elle raconte l'histoire du petit village de Shaktoolik, à l'ouest de l'État, qui se bat pour survivre.

Le changement climatique les affecte directement; tempêtes, montée des eaux, vents violents qui détruisent les habitations... "Les énormes tempêtes sur la côte ouest sont différentes de celles de Miami ou New Orleans. Elles sont beaucoup plus fortes, les ouragans peuvent atteindre la catégorie 1 (sur 5), et leurs diamètres sont dix fois plus gros, donc elles couvrent une plus large zone et durent plus longtemps," explique Robert E. Jensen, un chercheur de l'organisation Army Corps of Engineer Research and DevelopmentCenter.

Les habitants de Shaktoolik pensent que ces tempêtes sont de plus en plus fréquentes et puissantes, selon Erica Goode .Cependant, ces tempêtes ne sont pas la raison principale des inquiétudes des alaskains, le littoral subit l'effet direct de la montée des eaux, " l'eau arrive presque à leurs seuils de porte," explique le New York Times.

La hausse des températures est la première conséquence des émissions massives de gaz à effet de serre. Les glaciers fondent à une vitesse inattendue, ce qui fait de l'Alaska une cible facile.
La ville a déjà été déplacée trois fois par le gouvernement Américain, cependant les localisations n'ont en aucun cas réglés le problème et coûtent plus de 200 000€ à la ville et au gouvernement  à chaque fois.

Maintenant, les habitants doivent choisir entre rester dans le village et trouver un moyen pour lutter contre la montée des eaux, ou bien déménager une quatrième fois."Le gouvernement a choisi des lieux qui mettent ce village à la merci des tempêtes sévères," explique la journaliste du New York Times.

Cette fois-ci, Shaktoolik a choisi de rester où elle est et de construire des barrages et protections pour ses habitants en cas de montée des eaux.

Clémentine Boyer Duroselle

[Revue de presse] "Etes-vous prêt à mourir?" dit un chauffeur de bus d'école, peu avant l'accident mortel

Johnthony Walker, 24 ans conduisait quotidiennement un bus scolaire, transportant une douzaine d'enfants dans la petite ville rurale de Chattanooga dans le Tennessee. Lundi 21 novembre, alors qu'il avait pour mission de déposer ces enfants chez eux après l'école, il a provoqué un accident mortel.
Jasmine Mateen explique à CBS News que sa fille, présente dans le bus au moment de l'accident, lui a raconté après coup que Walker avait dit sur le ton de la rigolade: "êtes-vous prêt à mourir?". "Ma fille m'a dit que juste avant que le bus se retourne, il avait accéléré dans le virage", explique Mateen. Sa fille, 6 ans s'éteindra quelques heures plus tard à l'hôpital, de la suite de ses blessures.

Le conducteur aura au total tué cinq enfants entre 5 et 10 ans, et blessé 24, qui sont à ce moment même encore hospitalisés. Non, ils n'étaient pas prêts à mourir.

Walker a été accusé de cinq chefs d'accusation pour homicide routier, et mise en danger d'autrui. ce dernier conduisait à plus de 50 km/h au-dessus de la limite imposée, selon la police locale en charge de l'investigation. Walker a été empriosonné sous une caution de 107 500 $ pour une comparution devant le tribunal le 29 novembre prochain selon CBS News.

Dans une interview pour le Washington Post, Ed Wilson, un témoin de l'accident raconte qu'il pouvait "entendre les enfants crier et pleurer, ils essayaient en même temps de ce sortir du bus" par les fenêtres puisque le bus était renversé sur le côté.

Gwenevere Cook, la mère du conducteur du bus a expliqué à CNN mardi 22 novembre que son fils lui avait envoyé un message peu de temps après l'accident pour lui dire qu'il l'aimait et qu'il venait juste de vivre un "accident dramatique"."Il essayait d'aider les enfants à sortir du bus, ils étaient tous blessés, il y avait du sang partout." dit-elle à la chaine de télévision Américaine.

Selon The national Highway Trafic Safety administration (L'Administration nationale de la sécurité routière), sur un total de 480 000 bus scolaires aux États-Unis, il y aurait eu 134 morts cette année: "seulement 8% de ces fatalités sont des passagers de bus, la plupart d'entre eux sont des cyclistes et piétons".

 

Clémentine Boyer Duroselle

[Revue de presse] Le rêve américain est-il déjà un lointain souvenir?

Leurs parents sont souvent Mexicains, ces enfants sont arrivés aux États-Unis très tôt dans leur enfance, ont suivi leurs scolarités dans le pays, parlent couramment anglais, et pourtant... 750 000 d'entre eux se retrouvent menacés d'expulsion.

C'est l'histoire que le Wall Street Journal raconte dans son édition du lundi 21 novembre. "Les rêveurs ont peur du futur," titre l'article de Miriam Jordan.

Ces "dreamers" comme disent les Américains bénéficient d'un programme d'immigration ordonné par le président Obama et mis en place en 2012. Le ‘Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA)’ permet aux enfants arrivés dans le pays illégalement avant leur seizième anniversaire et avant juin 2010 de bénéficier d'un visa particulier.

Ce visa également appelé "DACA'" leur permet de travailler sur le territoire américain pendant deux ans, il est renouvelable une fois et les bénéficiaires de DACA ne peuvent pas être expulsés, cependant ils ne peuvent pas non plus recevoir la nationalité américaine.

Le Wall Street Journal raconte l'histoire de Maria Xirun, originaire du Guatemala. Elle est arrivée aux États-Unis avec sa famille lorsqu’elle n’avait que 4 ans. "Sans DACA, je vais perdre ce job que j'adore, je pourrais être expulsée," dit-elle au journal. Maria est une jeune femme de 21 ans vivant à Los Angeles, elle est tétanisée à l'idée que Trump pourrait éliminer ce programme.

En effet, le président élu avait assuré pendant sa campagne présidentielle, qu'à son arrivée à la Maison-Blanche, il éliminerait immédiatement les actions exécutives de l'administration Obama, dont le programme DACA fait parti. "Mr Trump, s'il vous plaît, ne m’enlevez pas ce programme, " prie Maria dans sa voiture.

Le cas de Maria n'est pas isolé, Le Wall Street Journal explique que de nombreux immigrants se demandent s'ils pourront rester dans ce pays ou s'ils peuvent même renouveler leurs visas de deux ans. " Beaucoup se demandent s'ils doivent renouveler leur statut, parce que la participation à ce programme coûte 500 dollars", écrit le quotidien.

S'ils renouent leur DACA mais que Donald Trump annule ce programme, ils perdront leur argent. Si Donald Trump décide de finalement l’approuver, les immigrants pourraient déjà avoir quitté leurs emplois pour retomber dans l'illégalité, dans la peur d’être expulsés.

" Aucun président ne devrait avoir à abandonner des emplois dans le pays pour des gens qui n'ont aucun droit d'être ici," explique Dan Stein, Président de la Fédération pour la Réforme de l'immigration Américaine.

Les républicains sont opposés à cette réforme, certains États, comme le Michigan, empêchent même les bénéficiaires de DACA, qui sont maintenant immigrants légaux, d’avoir un permis de conduire américain. 221 républicains (sur 431 membres) de la chambre des Représentants ont voté en 2013 pour cesser de financer cette réforme.

Le New York Times a également écrit à ce sujet le 19 novembre dernier. Le journal a interviewé Daniel Garza, Président de l'Initiative Libre, une organisation conservatrice qui défend les immigrants latinos. "Ces enfants vont être exposés si DACA est annulé, et c'est vraiment injuste," explique Garza au New York Times, " on devrait garder les familles ensemble, pas les séparer. "

Clémentine Boyer Duroselle

[Revue de presse] Adam Crapser: adopté il y a 38 ans et se retrouve expulsé vers son pays d’origine

Il fait partie des 35 000 adoptés qui n’ont jamais reçu la nationalité américaine lors de leurs adoptions aux États-Unis. Ses parents adoptifs n’avaient jamais complété les documents de l'immigration américaine pour que leur fils devienne citoyen.

Les médias américains s’arrachent tous l’histoire de cet homme de 41 ans, qui va devoir vivre dans un pays qui n’est pas le sien, loin de sa famille, dont il ne connaît pas la culture et n’en parle pas la langue.

Pourquoi est-ce-que le gouvernement américain n'a pas reconnu les enfants étrangers adoptés aux États-Unis comme citoyens américains? Notre article du 21 septembre dernier revient sur le couac du système d’immigration américain et la responsabilité des parents dans cette affaire. Les enfants adoptés aux Etats-Unis entre les années 1950 et 1980 n'ont pas reçu la nationalité américaine.

Jusqu'à récemment, Adam Crapser vivait à Vancouver dans l'État de Washington avec sa femme enceinte, et ses deux filles. “Il était barbier mais avait décidé de devenir père au foyer”, écrit le Washington Post.

Adam Crapser et sa famille. (Photo credit: AP Photo/Gosia Wozniacka)

Adam Crapser et sa famille. (Photo credit: AP Photo/Gosia Wozniacka)

Adam Crapser a été expulsé vers son pays d’origine jeudi matin selon l’AFP. Il serait arrivé à Séoul, la capitale de la Corée du Sud “à bord d’un vol commercial et escorté par des officiers de justice du Département de la Sécurité Intérieure américaine”, explique l’Agence de Presse Française.

Le New York Times daté du jeudi 17 novembre consacre un article à sa mère, Kwon Pilju. À 61 ans, elle essaye d'apprendre l'anglais avant l'arrivée de son fils. “J’ai tellement de choses à lui dire, je veux lui dire que je suis infiniment désolée. Mais c’est une cause perdue, je ne connais pas l’anglais et il ne peut pas parler coréen,” dit-elle.

Kwon Pilju attend l'arrivée de son fils en Corée du Sud. Crédit Photo/ le New York Times

Kwon Pilju attend l'arrivée de son fils en Corée du Sud. Crédit Photo/ le New York Times

Elle avait dû abandonner Adam à l'âge de trois ans, après avoir fui un mari violent et vivant dans la pauvreté extrême. Kwon Pilju n’a pas arrêté de penser à son fils pendant ces 38 ans séparés l’un de l’autre.

Choe Sang-Hun, auteure de l'article, raconte que la mère d’Adam Crapser a décoré une chambre dans sa petite maison pour son fils qui restera vivre avec elle. Elle se sent toujours coupable d’avoir abandonné son enfant en pensant tout simplement lui offrir une vie meilleure. Elle n’avait aucune idée, qu'en réalité les parents adoptifs de son fils le battaient et l’avaient abandonné alors qu’il n’était encore que mineur. “Je n’avais jamais imaginé qu’il aurait eu ce genre de vie difficile,” raconte-t-elle au journal américain, “j’aurais dû le garder avec moi (...) ce que j’ai fais est un péché impardonnable.”

 

Clémentine Boyer Duroselle