Incendies en Californie : à la recherche des disparus

Incendies en Californie : à la recherche des disparus

Aux États-Unis, cela fait six jours que des incendies gigantesques ravagent le nord de la Californie et le bilan n'en finit plus de grimper. Au moins 50 personnes sont mortes dans les flammes, dont 48 dans la seule ville de Paradise, qui se retrouve rayée de la carte. 

200 habitants de la ville américaine de Paradise en Californie manquent à l'appel depuis l'évacuation chaotique de la ville jeudi 8 novembre. "La police m'a obligé à faire demi-tour, le lotissement était encerclé par le feu, la route brûlait. Les maisons brûlaient", raconte un habitant, qui est toujours sans nouvelles de sa mère et dont le logement a été complètement détruit par les flammes. L'homme a fait le tour des hôpitaux, sans succès. "Mon cerveau, mon intellect me dit qu'elle est morte. Mais je veux garder espoir. Je ne veux pas me dire qu'il n'y a plus aucune chance", poursuit-il.

Des fouilles difficiles

Dans la ville, les équipes du shérif fouillent les décombres. Ils veulent trouver et identifier des corps. Mais ils ont peu de repères, car toutes les maisons sont à terre. Certains habitants n'ont pas pu s'échapper. "Paradise abritait de nombreux quartiers de mobile-homes, où les habitants étaient souvent des gens modestes et plutôt âgés", décrit notre envoyée spéciale.

Un reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Rebecca Suner. 

Incendies en Californie : la ville de Paradise après le drame

Les images parlent d'elles-mêmes. France 2 s'est rendue à Paradise après les violents incendies. Reportage.

Paradise (Californie, États-Unis) n'est désormais plus qu'une ville de cendres enveloppée d'une couleur orange, celle du soleil qui ne parvient pas à percer la fumée. Ce qui frappe désormais en arrivant à Paradise, c'est le silence. La ville de 26 000 habitants, il y a encore trois jours, est vide et entièrement dévastée. Seules les cheminées des maisons sont encore debouts.

228 personnes encore portées disparues

Paradise avait une église, elle est également partie en fumée. Son Diner typique a lui aussi été englouti par les flammes. La maison de retraite, la boutique de vin, tout est détruit. La ville abritait beaucoup de personnes âgées, malades ou sans voiture pour fuir. 228 personnes sont encore portées disparues. Jeudi 8 novembre, des milliers d'habitants ont fui par la route. Aux limites de la ville, désormais interdite à ses habitants, certains attendent des nouvelles de leurs proches. À une vingtaine de kilomètres de Paradise, la solidarité s'organise pour les habitants. Ces derniers ne retourneront à Paradise pas avant plusieurs semaines, mais ils ont promis de reconstruire leur paradis.

 

Un reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Rebecca Suner 

A Miami, certains quartiers s'embourgeoisent à cause du changement climatique. Photo: Pixabay

Immobilier : le réchauffement climatique impacte les prix en Floride

Depuis quelques années, la Floride (États-Unis) mesure les effets du réchauffement climatique. À tel point que les habitants de la côte s'enfoncent dans les terres vers les zones hors de danger.

À Miami (États-Unis), le décor est celui d'une série télévisée américaine. Les canaux de Miami, leurs villas de grand luxe avec piscines, palmiers et pontons privés. Roman Wunderlich fait partie de ces propriétaires privilégiés. Et pourtant, il va partir. "Le problème c'est qu'on voit bien à l’œil nu le niveau de l'eau monter d'année en année", raconte-t-il. Hausse du niveau de la mer, ouragans plus fréquents suivis d'inondations... Le réchauffement climatique commence à faire perdre de la valeur à ce coin de paradis. La maison de Roman valait un million d'euros, mais plus aujourd'hui.

Une gentrification climatique

Ironiquement, le changement climatique va pousser les foyers aisés à déménager là où ils n'auraient jamais imaginé s'installer. Quelques kilomètres plus loin, dans le quartier de Little Haïti, une zone plutôt défavorisée de Miami, les terrains prennent de la valeur. "Lors de l'ouragan Irma, la plage et le centre-ville de Miami étaient complètement inondés et ce quartier était au sec", explique Fabiola Fleuranvil, investisseuse en immobilier. Pour les scientifiques, ce processus s'appelle la gentrification climatique : l'embourgeoisement de certains quartiers à cause du changement climatique.

Ce transfert de la richesse s'effectue à l'intérieur des terres, dans de nouveaux lotissements spécialement étudiés. Dans le sud des États-Unis, plusieurs promoteurs imaginent les constructions du futur face aux changements climatiques. Des maisons surélevées et rondes pour mieux affronter les ouragans. Ou encore des maisons flottantes qui montent en fonction de l’élévation des eaux.

Reportage de Loïc de la Mornais, Thomas Donzel et Rebecca Suner

Les ravages de l'ouragan Florence à New Bern, en Caroline du Nord, le 14 septembre 2018. Photo: Logan Cyrus / AFP

Après le passage de l'ouragan Florence, la menace des inondations

La Caroline du Nord subit toujours le passage de l'ouragan Florence. Après les vents, ce sont désormais les précipitations continues qui menacent les villes. C'est le cas notamment à Jacksonville, désormais coupée du monde avec la montée des eaux.

À Jacksonville en Caroline du Nord (États-Unis), "tous les accès sont inondés, impossible de sortir d'ici", explique Agnès Vahramian. L'ouragan Florence a fait de nombreux dégâts dans cet État de la côte est des États-Unis. "Le courant est fort, un camion a été emporté, il transportait des générateurs, parce que la ville est en partie privée de courant", raconte la journaliste de France 2. En Caroline du Nord, de nombreux endroits se trouvent aujourd'hui isolés en raison du passage de Florence.

"L'eau barre tous les passages"

Dans certains quartiers, plusieurs centaines de personnes ont dû être hélitreuillées afin de ne pas subir la montée des eaux. A Jacksonville, certains faubourgs sont devenus fantômes. Pas un bruit, si ce n'est celui de la pluie qui continue de s'abattre. Certaines familles ont vu le toit de leur maison s'envoler avec le passage de l'ouragan Florence. La pluie est continue depuis trois jours, les maisons prennent l'eau. La ville de Jacksonville est désormais cernée: l'eau barre tous les passages. "La Caroline du Nord, c'est beaucoup de petits ruisseaux qui gonflent avec l'ouragan", explique Agnès Vahramian. Les barques restent le seul moyen, parfois, pour venir en aide aux habitants encore sinistrés.

Reportage d'Agnès Vahramian et Thomas Donzel

Une femme tient la main d'une fillette en marchant sur une route inondée par le passage de l'ouragan Florence à Pollocksville. Photo : Andrew Caballero-Reynolds/AFP

Tempête Florence : la Caroline du Nord est submergée par les eaux

L'ouragan Florence s'éternise sur la côte Est américaine et des pluies diluviennes s'abattent sur la Caroline du Nord. Au moins 31 personnes sont mortes et plus de 600 foyers sont privés d'électricité.

En Caroline du Nord (États-Unis), les habitants découvrent les ravages de l'ouragan Florence. Les bateaux sont portés sur les routes ou déposés par le vent dans les champs. Pour s'extraire des villes inondées, c'est un casse-tête, car les routes se sont parfois transformées en lacs. "On essaye d'aller à notre usine pour aller chercher de la marchandise", témoigne un Américain tandis qu'un autre pointe avec ses bras les quatre directions, toutes occupées par une rivière, "on est comme sur une île maintenant", décrit-il. Les habitants sont sans électricité et font tourner les générateurs. De longues files d'attente se créent dans les stations essence en service.

Les Américains ont déployé l'armée pour aider à déblayer. Il faudra plusieurs semaines pour effacer les traces de l'ouragan. Des habitants ont encore été évacués par hélicoptère dimanche 16 septembre. Les pluies s'épuisent sur le sud-est des États-Unis, mais le pic des inondations est attendu mardi 18 septembre.

Reportage d'Agnès Vahramian et Thomas Donzel

L'ouragan Florence vu par satellite. Photo: NOAA/Getty Images

Ouragan Florence : alerte sur la côte Est

Aux États-Unis, les littoraux de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud se sont littéralement vidés, alors que l'ouragan Florence, rétrogradé en catégorie 3, se rapproche.

Les Outer Banks en Caroline du Nord (États-Unis), sont une bande de terre très avancée dans l'Océan, une langue de sable très fragile, que l'ouragan Florence frappera en premier. Pour l'instant le ciel est d'un bleu intense, la mer raisonnablement agitée, mais le monstre est pourtant bien là, au large, et il arrive. "C'est dur de s'imaginer que quelque chose de terrible arrive, c'est un ouragan, on ne sait pas vraiment où il va se diriger, c'est assez terrifiant", confie une habitante.

"Certains habitants n'ont pas décidé s'ils partaient encore ou non"

Les maisons sont construites sur pilotis. Les habitants protègent les fenêtres et redoutent les inondations. Mercredi 12 septembre, un minibus est allé chercher dans la matinée les malades. Dans le bus aussi, une jeune femme est en route pour partir. Certains habitants n'ont pas décidé s'ils partaient encore ou non, comme cette habitante qui dit vouloir "décider à la mi-journée". L'ouragan Florence a ralenti sa course, et est désormais à 24 km/h. Il arrivera plus tard, mais cela veut dire aussi qu'il restera plus longtemps au-dessus des terres.

Reportage d'Agnès Vahramian et Thomas Donzel

Floride : quand un lac étouffe la mer

Aux États-Unis, en Floride, des tortues et des poissons morts s'échouent par centaines sur les plages. Mais la pollution des mers n'est pas responsable de cette hécatombe. Elle est due à l'eau d'un lac immense qui alimente plusieurs rivières.

En principe, la balade en bateau devrait être paradisiaque : les côtes de Floride, le long du golfe du Mexique et ses villas somptueuses. Un scientifique va montrer aux équipes de France 2 l'envers du décor. Sous les branches des mangroves, un triste spectacle. Poissons, anguilles, mulets, sardines, plusieurs espèces émergent à la surface, inanimées. Pour le scientifique, ce constat est le symptôme d'un écosystème détraqué. Il y a quelques semaines, la situation était pire encore puisque des plages entières étaient jonchées de tortues et de poissons morts. Toute une faune foudroyée.

Des eaux toxiques irriguent la Floride toute entière

Dans les eaux de Floride, se trouvent des cellules toxiques en nombre alarmant, en moyenne 2 millions par litre d'eau, soit 10 fois plus que ce qu'il faut pour tuer un poisson. La cause du problème se situe au centre de la Floride : le lac Okeechobe. Il est l'un des plus grands des États-Unis et fait 20 fois la taille de Paris. Son eau irrigue toute la Floride, mais il est désormais contaminé par des algues toxiques. Les responsables ? Les agriculteurs, dont les vastes exploitations, ceinturent le lac. Aujourd'hui, tout l'État a conscience du problème et un plan global de réaménagement des eaux est sur la table.

Reportage de Loïc de la Mornais, Fabien Fougère, Arielle Monange et Andreane Williams

Des algues toxiques à Cape Cod

Le cadre a beau être paradisiaque, l'eau de Cape Cod est de plus en plus polluée. Une situation due à la présence de fosses septiques dans les habitations.

C'est l'une des plus belles péninsules des États-Unis. Cape Cod. Ses plages, ses dizaines de kilomètres de côtes sauvages sur l'océan Atlantique, à deux heures seulement de New-York. Cape Cod ou la résidence de vacances des présidents américains. La famille Kennedy y passait ses étés, entre baignades et maison familiale sur l'île de Martha's Vineyard. Un paradis chic, aujourd'hui menacé par la pollution.

Partout se succèdent des bâtisses de plusieurs millions de dollars, mais l'eau à leur pied est sombre et trouble. Cele-ci est saturée d'algues : une laitue verte qui prolifère et se décompose. Une boue noire sans oxygène qui asphyxie les poissons et tue toute la vie dans les eaux du Cape. La boue fait 50 cm d'épaisseur. Pour comprendre pourquoi les algues se multiplient, il faut accompagner les scientifiques dans les étangs et les ruisseaux. Leurs prélèvements montrent que depuis plusieurs années, la teneur en nitrate de cette eau douce est deux à trois fois plus élevée que la normale. Les algues et les nitrates sont si envahissants que des lieux sont interdits à la baignade. Elles provoqueraient des risques d'irritation de la peau et des allergies.

Des huîtres comme solution ?

D'où viennent ces nitrates ? Devant le laboratoire qui analyse les eaux du Cape, les scientifiques tiennent à montrer la source de la pollution. Elle est en fait dans les jardins de Cape Cod : ce sont les fosses septiques des habitations. Des fosses septiques qui se déversent dans l'un des plus beaux sites américains. Ici le tout-à-l'égout existe seulement pour la moitié des habitations, et les résidents semblent découvrir qu'ils sont la source de cette pollution. Y a-t-il une solution ? Oui et elle se trouve en partie dans la nature elle-même. Des huîtres ont été implantées par centaines de milliers dans les eauxde Cape Cod. Elles avalent et éliminent les nitrates. À terme, les fermes d'huîtres pourraient traiter entre 20 à 30% de cette pollution. Aujourd'hui, aucun projet d'extension du tout-à-l'égout et de traitement des eaux usées n'existe sur le Cape, faute de financement.

Reportage d'Agnès Vahramian, Thomas Donzel et Andreane Williams

Un ciel écarlate surplombe des carcasses de voitures brûlées, à Redding, en Californie, le 27 juillet 2018. (Photo: Justin Sullivan / Getty Images / AFP)

Incendies en Californie : « Vivre ici a un prix »

Depuis le mois de juillet, une quinzaine de feux ravagent la Californie. Huit personnes ont perdu la vie et des milliers d'hectares ont été détruits, à travers l'Etat, malgré la présence de 12 000 pompiers. Sur place, un Français expatrié raconte son quotidien, fait de feu et de fumée.

Arbres décimés, voitures calcinées, maisons incendiées... En Californie, les flammes, parfois incontrôlables, détruisent tout et laissent, sur leur passage, des villes fantômes. Arnaud Hubert, 47 ans, est un habitué des incendies. Ce Français vit à Kelseyville, à 200 kilomètres au nord de San Francisco. Depuis plus d'une semaine, son domicile est menacé par l'incendie River Fire. Malgré l'ordre d'évacuation, Arnaud Hubert a décidé de rester dans sa maison. "Le feu est situé à huit kilomètres de chez moi mais je vis à côté de vignobles. Par expérience, ils créent des barrières assez efficaces", explique le producteur web.

Arnaud Hubert vit en Californie depuis 1999. Photo : DR

Installé en Californie depuis 1999, Arnaud Hubert vit au rythme des catastrophes naturelles. "A mon arrivée, j'étais conscient du risque de tremblements de terre, pas vraiment d'incendies, se souvient-il. Mais il suffit de se promener pour comprendre qu'ici, ça brûle facilement. Il y a beaucoup d'herbe sèche." En 2007, le Français, un peu plus aguerri, a immédiatement éliminé certains quartiers quand il a cherché une maison dans le Comté de Lake. Car chaque année, des incendies ravagent cette région. "Malheureusement, c'est un style de vie. Vivre en Californie a un prix", commente-t-il.

« Personne n'est à l'abri »

Cette année, les feux se sont déclenchés bien plus tôt. "C'est le pire été de loin", assure Arnaud Hubert. A l'extérieur, l'air est difficilement respirable. "Je porte un masque alors que normalement, nous avons le meilleur air de Californie. Nous pouvons même voir la Voie lactée"poursuit-il.

C'est tout un quotidien qui se trouve bouleversé. "En cas de coupure de courant, il faut s'assurer d'avoir un portable qui reste chargé, de l'éclairage, etc. Le groupe électrogène devient essentiel", détaille Arnaud Hubert. Pour la première fois, le Californien d'adoption a chargé un véhicule et évacué, par précaution, ses affaires personnelles. "Je suis prêt à partir", indique-t-il. Sa famille, qui s'est absentée avant que les feux sévissent, est restée éloignée de Kelseyville. Reste les voisins, avec qui il s'informe régulièrement.

Feux de forêt actifs au 30 juillet. Infographie: AFP

Quand Arnaud Hubert entend les habitants du Comté de Lake évoquer l'idée de déménager, il se montre sceptique. "Pour aller où ? s'interroge-t-il. Personne en Californie, ni même aux Etats-Unis, n'est à l'abri." Si sa maison était détruite, il la reconstruirait, dans le même quartier, avec des matériaux plus résistants.

Avant tout, le Français fait confiance aux autorités locales : "Le Comté est relativement bien organisé. Malheureusement, il est habitué... Il y a plusieurs abris et une équipe de volontaires travaille même avec la fourrière afin d'évacuer le bétail."

Dans l'ensemble du pays, d'après le centre national de coordination des incendies (NIFC), quarante-deux incendies d'envergure sévissaient, lundi 30 juillet, avec près de 100 000 hectares partis en fumée.

C.L

Louisiane : la montée des eaux va rayer une île de la carte

La montée des eaux et les ouragans vont avoir raison d'une île en Louisiane, dont les habitants vont devoir trouver refuge ailleurs.

C'est un bout de terre, cerné par les eaux. En Louisiane (États-Unis), l'Isle Jean Charles est menacée par la montée des eaux. Certains habitants refusent de quitter leurs terres, pourtant balayées par les catastrophes naturelles. De sorte qu'ils pourraient à terme devenir les premiers réfugiés climatiques des États-Unis.

Rongée par l'érosion, l'Isle Jean Charles est vouée à disparaître. Jonathan Parfait, qui a grandi ici, voit sa terre disparaître petit à petit. "Ici tout autour, c'était de la terre ferme avant", explique-t-il en naviguant sur l'eau.

90 % des terres déjà englouties

L'eau s'infiltre partout, et l'Isle Jean Charles a perdu près de 90% de sa surface terrestre. "Ce bras de terre était tout juste assez grand pour la largeur du bateau. C'était il y a vingt ans, explique Jonathan. C'est triste de se dire que l'endroit où vous avez grandi, où vous êtes né, ne sera plus là dans quelques années". Le temps où 400 personnes vivaient sur cette île est révolu.

Reportage de Clément Le Goff, Thomas Donzel, Courtney Vinopal et Martin Marini