Donald Trump n'a finalement pas eu recours au National Emergencies Act

Neuf minutes pour convaincre. Donald Trump a tenté, mardi 8 janvier, de rallier les Américains à son projet de mur à la frontière avec le Mexique, lors d'une allocution retransmise en direct depuis la Maison Blanche. 

"Ce soir je vous parle car nous assistons à une crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière sud", a-t-il justifié. "Quelle quantité de sang américain devra encore couler avant que le Congrès ne fasse son travail ?" a-t-il lancé au 18e jour d'un "shutdown" qui paralyse les administrations.

"Au fil des ans, des milliers d'Américains ont été brutalement tués par ceux qui sont entrés illégalement dans notre pays et des milliers d'autres vies seront perdues si nous n'agissons pas tout de suite", a-t-il ajouté, réclamant une nouvelle fois 5,7 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) pour "une barrière en acier plutôt qu'un mur en béton". Mais Donald Trump n'a finalement pas annoncé le recours au National Emergencies Act qui lui aurait permis de contourner le Congrès.

Une crise migratoire "créée de toutes pièces"

Les démocrates ont immédiatement dénoncé l'absence de main tendue de Donald Trump, l'exhortant une nouvelle fois à "rouvrir le gouvernement". "Le président doit cesser de prendre les Américains en otages, doit cesser de créer de toutes pièces une crise" migratoire et humanitaire à la frontière, a ainsi lancé le présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Depuis plus de deux semaines, quelque 800 000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit à rester chez eux, soit à devoir attendre la fin du blocage pour être payés, les démocrates refusant de débloquant des fonds pour un mur qu'ils jugent "immoral", coûteux et inefficace.

Elkhart, une ville sans chômage

L'économie américaine continue de faire des miracles. Les créations d'emplois ont été deux fois plus nombreuses que prévu au mois de décembre. Le chômage s'élève à 3,9% de la population active. À Elkhart (Indiana), capitale du camping-car, il est plus difficile de trouver des travailleurs que du travail.

La ville d'Elkhart (Indiana) ne connaît pas le chômage. Ici règne le plein emploi. Partout fleurissent des pancartes de propositions d'emplois. On compte près de 10 000 emplois disponibles dans cette agglomération de 250 000 habitants. À quoi ressemble cette ville dans laquelle la main-d'œuvre manque cruellement ? Quelle est la recette de l'Amérique du plein emploi ? Elkhart est la capitale du camping-car aux États-Unis. C'est ici que se fabriquent les énormes maisons sur roues américaines. La production n'a jamais été délocalisée. Le camping-car, c'est 90% des emplois de la ville. Cette usine est l'une des plus importantes ici. L'industrie du camping-car a été portée par la croissance américaine, à hauteur de plus de 4% en 2018.

Un rapport de force à l'avantage des candidats

Les sous-traitants des camping-cars sont eux aussi en manque de main-d'œuvre. Dans cette entreprise qui fabrique des fenêtres, 60 postes restent à pourvoir. Les employés travaillent ici 10 heures par jour et ils font tous des heures supplémentaires. Pour trouver de la main-d'œuvre, l'entreprise demande même à ses employés de devenir agent recruteur. Pour chaque personne recrutée, c'est 100 dollars de prime. Les emplois dans les usines de camping-cars sont les mieux payés de la ville. Alors, les secteurs aux salaires moins attractifs manquent cruellement de main-d'œuvre. Les employeurs n'attendent pas les candidats, mais vont les chercher dans tout l'Indiana. À Elkhart, ces jeunes entre 19 et 22 ans vont se voir offrir chacun une dizaine d'emplois en deux jours. De quoi avoir le sourire dans l'Amérique du zéro chômage.

Un reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère, Arielle Monange et Rebecca Suner 

Le shutdown ne ravit pas les touristes de passage à Washington

Par manque de financement, dix-neuf musées de la capitale américaine ainsi que son zoo ont dû fermer, ce mercredi 2 janvier, et rouvriront lorsque le budget fédéral sera voté.

Cette première semaine de l'année n'est certainement pas la meilleure pour visiter Washington. Et pour cause, le shutdown en place depuis le 22 décembre dernier a obligé les dix-neuf musées publics et le zoo de la capitale fédérale américaine à fermer leurs portes, ce mercredi 2 janvier. 

Ces musées et le zoo, faisant partie du groupe Smithsonian, sont gratuits et habituellement ouverts toute l’année sauf le 25 décembre. Il s'agit du plus grand groupe de musées du monde. En 2017, ils ont accueilli près de 30 millions de visiteurs.

Depuis le début du shutdown, le Smithsonian puisait dans les économies du groupe pour rester ouvert au public. Son financement dépend en grande partie de fonds fédéraux : un milliard de dollars du Congrès durant l'année fiscale 2018, soit deux-tiers de son financement. Les touristes se retrouvent donc devant des portes closes et doivent changer le programme de leur journée.

« Tous les musées du groupe Smithsonian ainsi que le zoo national sont fermés aujourd'hui pour cause de shutdown gouvernemental. »

Déception pour les touristes français 

Au lendemain des fêtes de fin d'année, nombreux sont les français en voyage sur la côte Est des États-Unis. À l'image de Morgane et Emeline, deux lyonnaises en vacances à New-York et de passage à Washington, les touristes découvrent que le shutdown les empêchera de mener à bien leur visite :

Pablo, un étudiant français en échange au Canada, a aussi été surpris par le shutdown. Il quitte Washington demain et avait, tout comme Morgane et Emeline, prévu de passer sa journée dans les fameux musées de la ville. Mis à part la National Gallery of Art, Pablo n'a pu entrer nul part : « J'aurais au moins visité un musée, c'est déjà ça », se rassure l'étudiant. 

 

Shayna, 20 ans, avait prévu de faire le tour des musées de Washington

Shayna, 20 ans, est venue de Floride pour les vacances et repart dans deux jours: « Malheureusement je vais devoir me contenter de tout regarder depuis l’extérieur. J’ai appris pour le shutdown une fois arrivée ici. J’espère vraiment qu'il cessera avant mon départ, mais à ce stade je n’ai pas beaucoup d’espoir. » Bardia fait le même constat que Shayna. Il est venu du Canada pour découvrir Washington DC: « J’avais prévu de visiter quelques musées aujourd’hui avec ma famille mais nous ne savions pas qu’ils étaient fermés. Nous irons donc voir des monuments nationaux qui eux sont en extérieur.»

Une sortie du shutdown est envisageable dès demain, jeudi 3 janvier. Les nouveaux membres du Congrès, élus lors des élections de mi-mandat de novembre dernier, prendront leur fonction à cette date offrant par la même occasion une majorité démocrate à la chambre des représentants. Ils souhaitent mettre fin rapidement au shutdown.

Niagara : les chutes illuminées pour Noël

Au Canada, un spectacle de son et lumière dans les chutes du Niagara illumine le site pour les fêtes de fin d'année.

Dans l'obscurité, on entend d'abord qu'un grondement, puis on perçoit la lueur d'un gouffre, car c'est la nuit que le Canada offre son spectacle de Noël : les chutes du Niagara illuminées. 2 800 m3 de filets de lumière défilent par seconde, le rideau de près de 1 000 mètres de large est bouillonnant et coloré. Les touristes et les Canadiens eux-mêmes sont fascinés par le spectacle. Merveilles de la nature, les chutes du Niagara marquent la frontière entre le Canada et les États-Unis. C'est côté Canadien que l'impressionnant dispositif d'éclairage est installé.

Un paysage féérique

Tous les soirs en coulisses, jusqu'à minuit, Gene Pellerin est le maître des lumières. "Il y a 10 400 ampoules LED en tout et elles sont très puissantes", détaille l'opérateur. Pour impressionner les téléspectateurs français, Gene Pellerin fait une démonstration et donne aux chutes les couleurs du drapeau bleu, blanc et rouge. Un piano ouvert à tous permet d'actionner des lumières également. Toute la ville de Niagara Falls est aux couleurs de Noël, le paysage urbain est féérique. Les illuminations courent sur près de huit kilomètres autour du site. Pour les touristes, il reste à voir les chutes de jour en faisant un tour d'hélicoptère pour mesurer l'ampleur du gouffre. Les chutes permettent d'alimenter près de 4 millions de maisons en électricité.

Photo AFP

États-Unis : l'énième bourde de Donald Trump à propos du père Noël

Donald Trump est à nouveau sous le feu des critiques. Le président américain s'est moqué d'un enfant de 7 ans en évoquant le père Noël.

C'est la première dame qui a supervisé toute la décoration de la Maison-Blanche aux États-Unis. Melania Trump a tenu à faire installer des sapins rouges dans les couloirs. Pour Noël, le couple présidentiel s'est adressé à la nation devant les caméras. Lundi 24 décembre, comme le veut la tradition, Donald Trump et son épouse ont appelé quelques petits Américains.

"Tu crois toujours au père Noël ?"

Melania Trump joue le jeu et indique à un enfant que le père Noël est en route, mais son mari ne fait pas dans la délicatesse auprès de Coleman, 7 ans. "Tu crois toujours au père Noël ? Parce qu'à 7 ans c'est un peu limite non ?", s'amuse Donald Trump. Les réseaux sociaux se sont enflammés et certains ont qualifié le président de "super méchant". D'autres ont préféré expliquer aux enfants que de toute façon, Donald Trump mentait tout le temps. Plusieurs parlementaires ont corrigé le tir, assurant aux petits Américains que le père Noël existait bel et bien.

Photo REUTERS

Donald Trump perd son secrétaire à la Défense

La lutte contre le terrorisme sème la zizanie aux États-Unis avec le désaccord de trop pour le chef du Pentagone. Alors que Donald Trump a annoncé le retrait des troupes américaines de Syrie, son ministre de la Défense lui a dit "au revoir".

En duplex depuis Washington (États-Unis) dans le 20 Heures de France 2, le journaliste Loïc de la Mornais revient sur la démission de Jim Mattis qui n’est pas le premier à claquer la porte. "Ce n’est pas le premier et ce ne sera sans doute pas le dernier. Il y a eu 17 départs de hautes personnalités, de responsables de premier plan de l’administration Trump depuis le début du mandat du président. C’est un record."

Une énorme erreur stratégique

Et le journaliste d’ajouter : "Mais c’est vrai que Jim Mattis est un cas à part. C’est quelqu’un d’extrêmement respecté à gauche comme à droite. Ancien général 4 étoiles, ministre de la Défense, il n’a pas supporté une fois de plus que ça soit par Tweet que Donald Trump annonce le retrait de Syrie, et pour moitié en Afghanistan. Un retrait contre lequel ce général s’est toujours battu, disant que ce serait une énorme erreur stratégique. Beaucoup d’observateurs disaient de Jim Mattis était le dernier adulte dans la pièce, voire le dernier rempart avant le chaos."

Crédit Photo/AFP

Le mouvement des gilets jaunes vu et décrypté par la presse américaine

Ce samedi 8 décembre, les gilets jaunes passaient à l'Acte 4. Un quatrième week-end de contestation que la presse américaine a suivi de très près. Pour les États-Unis, le rassemblement initialement engendré par la hausse des taxes sur le carburant, est plus largement devenu un mouvement anti-gouvernement.

Le Boston Globe retient la violence, les barricades et les gaz lacrymogènes utilisés par la police pour « contrôler la foule ». « La tactique policière, cette fois plus agressive, a montré un changement de stratégie par rapport aux semaines précédentes ». Vu d'outre-Atlantique, l'ambience qui règne à Paris s'apparente bien à une guerre civile : « Nombreux sont les habitants de quartiers aisés à avoir quitté quitté la capitale par précaution ».

Pour The New-York TimesParis brûle et se souvient des violentes manifestations de mai 1968. D'après le quotidien, « Emmanuel Macron, affublé du surnom de "Président des riches", et son gouvernement, doivent accorder une plus grande attention à la France périphérique, celle qui ne vient ni de Paris ni des grandes villes ». 

Stephane Mahe/REUTERS

Le journal s'attarde ensuite sur le rôle des réseaux sociaux à l'heure des grands rassemblements : « Le pouvoir qu'ont les réseaux sociaux de faire monter rapidement une colère généralisée, sans aucun mécanisme de dialogue ou de retenue, constitue un danger auquel une démocratie libérale ne doit pas céder. (...) Emmanuel Macron et le Parlement ont été élus démocratiquement. Les réformes qu’ils poursuivent, tant en France que dans l’Union européenne, étaient ce qu’ils avaient ouvertement promis lors de ces élections et c'est ce dont la France avait besoin », conclue le New-York Times.

Cette analyse rejoint en partie celle du Boston Globe : « Le mouvement du gilet jaune ne suivant aucune direction claire, personne ne savait réellement ce qu'il allait se passer samedi. Des milliers de personnes discutaient de leurs opinions sur une myriade de pages Facebook. Les vidéos de la police attaquée par les manifestants d'un côté, et celles des violences policières contre les manifestants de l'autre, ont alimenté de nouvelles tensions ». 

Une crise nationale 

Dans un article de Penn Live, média basé dans l'État de Pennsylvanie, on s'interroge sur comment le mouvement social a pu se transformer en une grande crise nationale. La genèse du mouvement trouverait sa source dans l'Histoire des mouvements protestataires français : « En France, la révolte de travailleurs a une longue histoire. Les révolutions de 1830 et 1848, la Commune de Paris en 1871, la grève générale d’août 1944 qui a contribué à libérer Paris des Nazis, mai 1968... : En France comme nulle part en Europe, descendre dans la rue pour protester est une tradition (...)  Quand les casseurs incendient des voitures et cassent des pavés dans les rues, ils imitent  l'occupation « soixante-soixante-huitarde » de la Sorbonne ». 

Jeff J Mitchell/Getty Images

Mais même si le mouvement social a conduit à une crise nationale d'envergure, Penn Live ne prédit aucune amélioration avant une meilleure organisation du mouvement des gilets jaunes : « Macron et son gouvernement sont certainement en grande partie responsables de la crise politique actuelle. Mais le slogan fédérateur des gilets jaunes, « Macron démission », ne propose qu'une solution simpliste à l'ensemble complexe des défis d’autant plus urgents que le réchauffement climatique ». 

Révolte de la classe ouvrière 

« Pourquoi les gilets jaunes continuent-ils de manifester en France ? Son nom est Macron » titre le Washington Post« Ce qui a commencé par une opposition à une taxe sur le carburant destinée à freiner le changement climatique est devenu une révolte de la classe ouvrière contre Macron, dont la côte de popularité atteint des bas sans précédent », relate le journal, avant de dresser un parallèle avec l'Amérique : « Contrairement aux États-Unis, la France fournit à ses citoyens une quantité généreuse de services sociaux. Le salaire national médian y est d'environ 20 520 euros (23 350 dollars). Certes, le citoyen moyen ne bénéficie pas d’un niveau élevé de revenus disponibles. Aux États-Unis, le revenu personnel médian est légèrement plus élevé, mais sans les vastes avantages offerts par l’État ». 

Stephane Mahe/REUTERS

Un article du New York Times explique enfin pourquoi le mouvement des gilets jaunes est différents des autres mouvements populistes. «La révolte française n’a pas suivi les règles du jeu populiste habituel. Elle n'est attachée à aucun parti politique, et encore moins à un parti de droite. Elle ne se concentre pas sur la race ou la migration, et ces questions ne figurent même pas sur la liste des revendications des Gilets Jaunes. Elle n'est dirigé par aucun leader. Le soulèvement est spontané et autodéterminé. Il s'agit là de l'impossibilité de payer les factures », avant de souligner qu'à Paris, les lieux touchés par les manifestations n'ont pas choisis au hasard : « Ce sont dans les rues commerçantes de luxe, l’avenue Kléber et la rue de Rivoli - symboles insolents du privilège urbain en opposition aux provinces ternes d'où émergent les Gilets jaunes - que les vitres ont été brisées samedi. Les Gilets jaunes repoussent les politiciens et rejettent les socialistes, l’extrême droite, le mouvement politique du président Emmanuel Macron, et tous les autres ». 

À Washington, les américains rendent un dernier hommage à George H.W. Bush

Les drapeaux sont en berne. Vendredi soir, le 41è président des États-Unis, George Bush père, décédait des suites d'une longue maladie. À 94 ans, il détenait le record du président américain le plus âgé de l'histoire. Depuis lundi soir, des milliers d'américains se succèdent et viennent lui rendre un dernier hommage dans l'enceinte du Capitole, où repose le corps de l'ancien président. Ses obsèques auront lieu cet après-midi avant un dernier hommage au Texas, fief éternel de la dynastie Bush.  

À l'extérieur du Capitole, coeur du pouvoir législatif américain, des milliers de personnes venues du monde entier patientent. Au bout des quelques heures d'attente se trouve le cercueil de George H.W. Bush, président des États-Unis de 1989 à 1993. Lundi, il avait quitté le Texas à bord de l'avion présidentiel prêté par Donald Trump, pour recevoir un premier hommage populaire, avant des obsèques nationales en la Cathédrale nationale de Washington. Affaibli par une forme de la maladie de Parkinson, George H. W. Bush se déplaçait depuis des années en fauteuil roulant.

Ce mercredi,  Donald Trump a décrété une journée de deuil national, ordonnant la fermeture des administrations fédérales. Les bourses de New York et de Chicago, qui ont observé un minute de silence lundi, resteront fermées toute la journée. 

 

Un symbole 

"Témoigner de mon respect envers un ancien président est la moindre des choses", confient Paul, de passage dans la capitale fédérale. "Je viens d'Arizona, j'avais prévu ces quelques jours de vacances à Washington depuis longtemps. À l'annonce la mort de George Bush père, j'ai su que j'irai immédiatement lui rendre hommage".

Paul est ému. "Je le respectais beaucoup. Il a fait énormément pour ce pays", explique-t-il, avant de retracer les grandes lignes d'une présidence marquante :  "C'était un excellent président, l'Histoire le montre ! Sans lui, la Guerre Froide aurait pu être dramatique pour les Etats-Unis. Il a fait du très bon travail, main dans la main avec Mikhaïl Gorbatchev. Je vous défie de trouver aujourd'hui des américains comme lui". Aviateur pendant la Seconde guerre mondiale, parlementaire, chef de la CIA et ambassadeur à l'ONU, ses quatre années à la présidence sont entre autre marquées par la première guerre du Golfe. A la tête d'une coalition de 32 pays, il chasse les troupes irakiennes de Saddam Hussein hors du Koweït lors d'une guerre de quelques semaines en 1990. C'est aussi lui qui dirigeait les Etats-Unis, quand le mur de Berlin est tombé en 1989, et que l'Union soviétique s'est effondrée en 1991.

En s'avançant dans la file, on s'aperçoit vite qu'aux États-Unis, George H.W. Bush est un symbole intergénérationnel. Preuve en est, beaucoup de jeunes, qui n'étaient pas encore nés à l'époque où il était président, on fait le déplacement. Jason, 22 ans, est un étudiant chinois fraichement diplômé de la prestigieuse George Washington University. "J'ai appris comme tout le monde le décès du président Bush. Je n'ai jamais vécu un tel moment historique". Même chose pour Julia, 8 ans, venue accompagnée de sa mère : "Un président est mort, je pense que voir le cercueil sera un moment très émouvant" confie-t-elle.

 

 

"Président du peuple"

À l'intérieur du Capitole, l'attente continue. Laurie, et son petit fils Nick, arrivent tout droit du Maryland. C'est elle qui a tenu a emmené le jeune garçon rendre un dernier hommage à l'ancien président : "C'est important qu'il vive cela. il s'en souviendra toute sa vie". Laurie, comme beaucoup, se souvient d'une "très bonne personne, en plus d'avoir été excellent président". Parmi les nombreuses anecdotes qu'elle aime raconter à Nick, il y a celle des débuts militaires de Bush père : "À 18 ans, il a été admis à Yale, mais a finalement préféré s'engager dans l'armée. Il était l'un des plus jeunes de son régiment, et avait tellement peur d'être moqué pour cette raison qu'il demandait à sa mère, qui venait lui rendre visite, de dire qu'elle était plus vieille qu'elle ne l'était afin que lui même puisse mentir sur son propre âge", raconte-elle en souriant.

"C'était un modèle pour tout le monde" continue Laurie. "Il existera toujours des gens qui n'aimeront pas Bush. Mais vous ne pouvez pas nié qu'il fut un homme profondément bon et intelligent". Sa phrase à peine terminée, il est temps pour le duo d'entrer dans la Rotonde du Capitole, où repose celui que Laurie qualifie de "président du peuple". Un lourd silence retenti. L'heure est au recueillement. Longuement, les visiteurs du monde entier s'arrêtent autour de la dépouille. Le cercueil est recouvert du drapeau américain. Avant-hier, c'est à cet endroit-même que George W. Bush et Donald Trump se sont recueillis, avant des obsèques officielles prévue ce matin.

 

Fiers d'être américains 

À la sortie de la Rotonde, l'émotion gagne les américains. "Une fois devant le cercueil, je me suis retrouvé face à toute une partie de notre Histoire", confie Tom. "Le cercueil d'Abraham Lincoln était placé au même endroit en 1865. J'ai pu ressentir toute cette Histoire qui a façonnés les États-Unis d'aujourd'hui". L'homme d'une soixantaine d'année, vétéran de la Guerre du Vietnam , a été impressionné par la forte présence de personnel militaire autour de la dépouille : "De moins en moins de vétérans se présentent aux élections présidentielles. Malheureusement, les traditions se perdent".

Adam, quant à lui, avait 1 an quand Bush père était élu président. "J'ai été élevé dans une famille démocrate. De fait, je n'ai jamais été un grand fan du clan Bush. Mais vous voyez, le monde n'a jamais été aussi divisé qu'aujourd'hui. Et je veux être fier d'être américain. Je suis ici avec des milliers de gens pour honorer un homme qui avait de grandes valeurs morales, qui s'est impliqué à changer le monde et le rendre meilleur".

Dans quelques heures, les obsèques de George H.W. Bush auront lieu en la Cathédrale nationale de Washington. Sa famille, mais également Donald et Melania Trump, Barack et Michelle Obama, et bien d'autres sont attendus. La dépouille s'envolera ensuite vers College Station, une ville du Texas, où le 41è président des États-Unis reposera auprès de sa femme Barbara, décédée en avril dernier. 

Aux Etats-Unis, les assassins homophobes américains peuvent plaider la légitime défense "anti gay et trans"

En devenant le 2e Etat à abolir la "gay-panic defence" (après la Californie en 2014), l'Illinois rappelle que dans la majorité des Etats américains, il est encore possible de plaider la légitime défense pour justifier le meurtre d'une personne issue de la communauté LBGT. 

En août 2013, James Dixon, un habitant de Harlem (New York) de 22 ans, fait du charme à Islan Nettles, une jeune femme transgenre de 21 ans. Mais quand les amis du jeune homme se moquent de lui pour avoir flirté avec une transsexuelle, James s’emporte et massacre Islan à coups de poings, la laissant giser, inconsciente, sur le trottoir. Sept jours plus tard, Islan décède à l'hôpital. James se rend à la police et reconnait les faits. Mais une fois appelé à la barre trois ans plus tard, il plaide non coupable. Ses arguments : sa « virilité » était mise en péril par le genre sexuel de sa victime. Il sera donc jugé pour homicide involontaire et écopera d’une peine très indulgente de 12 ans de prison, au lieu des 17 ans demandés par les procureurs de justice.

Dans l’Illinois, la décision d’abolir le « gay-panic defense » a été adoptée à l’unanimité par les deux chambres du Parlement. Un pas de plus pour la protection des droits des personnes LGBT, dans un pays où une personne transgenre ou homosexuelle est tuée tous les six jours, selon la Coalition nationale des programmes anti-violence (NCAVP). Entre janvier et août 2017, 33 meurtres homophobes ont été commis aux Etats-Unis.

Nicolas Gachon, consultant média spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l'université Montpellier 3, explique ce phénomène.

3 questions à Nicolas Gachon, consultant média, spécialiste des Etats-Unis, maître de conférence à l’université Montpellier 3.

Comment expliquer que le « gay-panic defense » existe encore aux Etats-Unis, notamment dans des Etats développés et cosmopolites, comme Washington ou New York ?

N. G. : Il faut du temps pour que les mœurs évoluent, et pour que cette évolution soit entérinée par le législateur dans un contexte politique donné. Cela ne concerne pas uniquement les Etats-Unis, un pays comme l’Australie est également concerné. Le terme « mainstream » est ici éclairant, car tout ce qui n’est pas « mainstream » est par conséquent déviant, donc menaçant. L’être humain a peur de ce qu’il ne connait pas, peur également de sa propre image, et la marche de la civilisation est généralement chaotique et très lente. Faut-il rapper qu’un amendement visant à garantir l’égalité des droits entre les sexes a été introduit dans les années 1920 et qu’il n’a toujours pas pu être ratifié (Equal Rights Amendment) ? Il s’agissait alors, et s’agit toujours, d’égalité entre hommes et femmes.

Est-ce que l’arrivée de Donald Trump au pouvoir risque d’augmenter les crimes envers les personnes issues de la communauté LGBT ?

N. G. : L’arrivée au pouvoir de Donald Trump ne multiplie pas mécaniquement, directement le nombre de crimes envers la communauté LGBT. Cela étant, les dommages collatéraux liés à la propagation, dès la campagne électorale, d’un discours d’exclusion, à portée tantôt racisante, tantôt misogyne est extrêmement anxiogène et propice à toutes sortes de dérives. Le sort de la communauté LGBT est extrêmement représentatif du malaise existentiel qui gagne nos sociétés, sans que cela ait nécessairement toujours à voir avec des questions d’orientation sexuelle. On sait ainsi, par exemple, que les agressions homophobes au Royaume-Uni ont augmenté de 147% dans les trois mois qui ont suivi le vote sur le Brexit. Aux Etats-Unis, par conséquent, la colère et la frustration contre les élites, ce qu’on a qualifié de "backlash" et de "whitelash" peut trouver une expression soudain décomplexée dans le contexte du discours offensif et souvent offensant du 45e président des Etats-Unis. L’augmentation des crimes envers la communauté LGBT est indissociable de l’augmentation de crimes envers d’autres minorités, au premier rang desquels les Africains Américains.

Comment expliquer que ces crimes soient plus visibles aux Etats-Unis qu’en France ? 

N. G. : Comme toutes les victimes ne portent pas plainte, et que la médiatisation est moindre en France par rapport aux Etats-Unis, il est difficile de comparer. Les contextes historiques sont différents, avec des implications idéologiques très marquées aux Etats-Unis puisque la défense des droits de la communauté homosexuelle s’est inscrite à la fin des années 1960. Il y a là un marqueur idéologique très fort pour le Parti républicain, qui a longtemps parlé de « culture wars ». Cela contribue notamment à expliquer le retard pris dans la lutte contre l’épidémie du sida sous l’administration Reagan. Curieusement, d’un point de vue franco-français, les deux catégories, celle des droits civiques et celle des droits de la communauté LGBT, sont historiquement liées aux Etats-Unis. Les Américains utilisent d’ailleurs le terme « hate crimes » pour qualifier les crimes à l’encontre des minorités, qu’il s’agisse d’ethnicité ou d’orientation sexuelle, ce qui rend certaines statistiques moins directement exploitables. Les violences sont en hausse dans les deux pays, de l’ordre de 25% dans les grandes villes américaines en 2017. Les positions de Trump sur le recrutement de soldats transgenres dans l’armée américaine, ainsi que la bataille lancée sur la question des toilettes pour les personnes transgenres compliquent inutilement la situation. S’agissant de l’armée américaine, le « don’t ask, don’t tell » préconisé en son temps par Bill Clinton était bien plus pacifiant.

Emmanuelle Rouillon