Primaires républicaines: Maintenant, on s'en prend aux femmes

Melania Trump lors d'un meeting en Caroline du Sud en janvier. (Getty)

Quand on a touché le fond, faut-il creuser? C'est en tout cas ce que semblent penser les candidats à la primaire républicaine, qui rivalisent d'ingéniosité pour rendre la campagne électorale chaque jour un petit peu moins élégante.

Il y a eu - et il y a toujours - les insultes.  Les références à la taille des "mains" en plein débat. Les dérapages racistes. La défense de la torture et de tapis de bombes. Souhaitez maintenant la bienvenue aux attaques sur les femmes des candidats!

Melania Trump est une salope, votez Ted Cruz!

On doit cette nouvelle étape à une publicité Facebook créée par la Super-PAC "Make America Awesome", qui a soutenu Ted Cruz dans l'Utah. La publicité reprend une photo dénudée de Melania Trump, la femme de Donald, prise pour le magazine GQ en 2000. La publicité commente "Voici votre future First Lady...Ou alors vous pourriez supporter Ted Cruz."

La publicité, qui visait clairement un public mormon très puritain, a déclenché un débat national aux Etats-Unis. Make America Awesome est accusé de "slut-shaming" (en français approximatif: "humiliation de la salope").

Dans Vox, Emilly Crockett écrit: "Cette publicité utilise un stéréotype malheureux sur les femmes qui posent nues ou sont ouvertes sur leur sexualité: elles seraient écervelées, pas fiables, et ne devraient pas être respectées. Au lieu d'attaquer Trump directement, elle diffame le personnage de la femme qu'il a choisi d'épouser."

Les auteurs de la publicité ont répondu en retournant l'argument du slut-shaming en leur faveur: "Cette image n'est pas douteuse parce que Melania Trump pose nue. Elle est douteuse parce qu'elle montre Melania Trump attachée à une mallette, vulnérable, un message implicite pour la soumission des femmes [...] à l'excitation et la consommation masculine."

Adroit, mais le message serait plus porteur si d'autres opposants à Trump n'avaient pas vigoureusement adopté le slut-shaming, comme cet article d'un média conservateur anti-Trump: "Quand vous êtes un homme avec de toutes petites mains marié à une ancienne mannequin qui a l'âge de vos premiers enfants, c'est normal de se demander si Raul le garçon de piscine ne nettoie pas un peu plus que la piscine." Délicieux.

Quand c'est pas l'un, c'est l'autre

Evidemment, on ne pouvait pas en rester là. Incapable de résister à une bonne polémique, Donald Trump s'est jeté dans l'arène (c'est à dire Twitter) en menaçant la femme de Ted Cruz, Heidi. "Ted Cruz le menteur utilise une photo de Melania dans une pub. Fais attention Ted, ou je vais vendre la mèche sur ta femme!"


Ted Cruz n'a pas tardé à répondre: "La photo de ta femme ne venait pas de nous. Si tu attaques Heidi, tu es encore plus lâche que je ne le pensais. #Pasclasse."


On ne sait pas sur quoi Trump voudrait "vendre la mèche", mais la réaction de Cruz, bien que calme et modérée, sonne faux. S'il n'est pas responsable de la première attaque (les Super-PACS ne doivent pas collaborer avec les campagnes officielles) son principal supporter et sa "caution establishment", Mitt Romney, ne s'est pas privé d'en rajouter lors d'un dîner avec des officiels républicains.

"Trump a eu plusieurs femmes étrangères. Comme quoi, il y a vraiment des jobs que les américains ne veulent pas faire".


En résumé...