Un trentenaire populiste futur premier ministre en Italie ?

Le Mouvement cinq étoiles a changé de visage en Italie. L'ex leader du parti, le comique Beppe Grillo, critiqué pour ses sorties populistes et sa gestion autoritaire, a cédé sa place dimanche au plus discret mais déjà contesté Luigi di Maio. Bientôt à la tête du premier parti d'Italie, le jeune trentenaire napolitain pourrait devenir le futur premier ministre du pays.

Peu, voire pas de suspens dimanche à l'annonce des résultats. Sans adversaire de taille, Luigi di Maio était assuré de devenir le nouveau leader et chef politique du Mouvement 5 étoiles. Les adhérents du mouvement ont exprimé leur voix sur une plateforme en ligne.  Le Napolitain de 31 ans, actuel vice-président de la Chambre, l’a  emporté avec 82 % des suffrages. A la tête du premier parti du pays, il pourrait devenir à 31 ans seulement la nouvelle figure du gouvernement italien aux prochaines élections législatives début 2018.
En Italie, on le surnomme le « grillino démocrate-chrétien», le « Berluschino 5 étoiles », « le petit Berlusconi 5 étoiles », en référence à son large sourire et ses costumes impeccables rappelant ceux du « Cavaliere ». Sans adversaire de poids, le jeune député au visage rassurant et aux nombreuses « gaffes » se bat en terrain conquis, assuré de remporter le vote des « primaires en ligne » aujourd’hui.

L’ascension fulgurante d’un jeune novice de la politique

Pour la presse italienne, il est la figure du « rêve grillino » par excellence. Un homme de la rue, sans histoire politique, sans CV. Napolitain d’origine, il s’est retrouvé projeté d’un jour à l’autre dans les prestigieux palais de la capitale, à deux pas du Palais Chigi, cœur du pouvoir exécutif.
Deux tentatives ratées à l’université en études d’ingénieur et de droit, steward, réparateur d’ordinateurs, agent commercial, serveur dans un restaurant,… Jusqu’au 14 mars 2013, les quelques lignes du curriculum de Di Maio tranchaient avec celles de la « caste » politique, comme l’aiment l’appeler les « grillinis » du Mouvement 5 étoiles.
Parmi les 162 représentants du parti, pour la plupart jeunes et sans expérience politique, qui ont fait leur entrée au Parlement après le coup de tonnerre des élections de 2013, Di Maio était l'un des plus jeunes et des plus inexpérimentés. Ses traits juvéniles et sa mine impeccable, qui respire la modération, tranchent avec la sulfureuse image du comédien Beppe Grillo, fondateur du mouvement, qui a annoncé la semaine dernière son retrait de la vie politique. Une figure rassurante pour le parti, qui soutient sa candidature à près de 73.9% selon un récent sondage.
Ni son âge ni son manque d’expérience ne l'ont empêché de se distinguer et d'être élu à 26 ans à la vice-présidence de la Chambre, poste délicat auquel il a ensuite fait ses preuves. En tant que coordinateur des maires du M5S, il a ensuite été chargé de désamorcer les crises qui ont éclaté dans plusieurs municipalités, notamment celle de Rome.

Un parcours parsemé de bourdes et dérapages

Au fil de son ascension, ses détracteurs se sont faits de plus en plus nombreux et ses erreurs grammaticales et approximations historiques lui ont parfois donné du fil à retordre, comme quand il a attribué la nationalité vénézuélienne au dictateur chilien Augusto Pinochet. Des bourdes historiques, mais aussi des sorties jugées « populistes », principal reproche fait au Mouvement 5 étoiles.
Le 8 avril, en référence à l’intervention des Etats-Unis en Syrie, il estimait qu’il « fallait mieux lancer des billets plutôt que des missiles ». « Les missiles lancés hier par les Etats-Unis nous coûtent 60 millions de dollars. Si on avait lancé 60 millions de dollars en billets vers les populations en difficulté, vous ne pensez-pas que ça leur aurait été plus utile ? »
5 jours plus tard, le « grillino » publiait sur Facebook une vidéo du procureur de Messine, en Sicile, sur le thème de la criminalité, commentant : « l’Italie a importé 40% de ses criminels de la Roumanie ». Assez pour s’attirer les foudres du parti démocrate, qualifiant la sortie du député de raciste et populiste.

Le dernier sondage en vue des élections législatives qui auront lieu au premier semestre 2018 en Italie place toujours le « Movimento 5 Stelle » en tête des intentions de vote avec 26.7%. Il est suivi de près (26%) par le Parti démocrate de Matteo Renzi. Le parti d’extrême droite de la Ligue du Nord est quant à lui à 14.6%, au coude à coude avec Forza Italia et son éternel leader Silvio Berlusconi.

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé