L'Italie aujourd'hui : le Parlement se penche sur une loi pour réprimer plus durement l'apologie du fascisme

Alors que le mouvement d'extrême droite Forza Nuova a appelé à une "Marche sur Rome" dans deux semaines, le Parlement vote aujourd'hui une nouvelle loi pour réprimer plus durement l'apologie du fascisme.

Cette nouvelle loi prévoit de punir « toute propagande à l’aide d’images ou contenus rappelant le parti fasciste ou nazi » sous peine d’une réclusion de six mois à deux ans. Elle étend celles déjà adoptées en 1952 et de 1993 pour punir les gestes individuels comme le salut romain - bras tendu symbole du fascisme - ou la diffusion de gadgets en lien avec l'idéologie fasciste.

La loi devrait être votée sans surprise par la majorité et la gauche. Les partis de droite, La Lega Nord et Fratelli d’Italia en tête, et le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo contestent cette loi, qu’ils considèrent comme liberticide.

 

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L'appel à une "Marche sur Rome" le 28 septembre contesté

 

Irruptions et agressions dans des centres d'accueil pour migrants, manifestations contre le "Ius Soli", le droit du sol,... Les cas de violences, passages à tabac et insultes perpétrés par les mouvements d'extrême droite se sont multipliés depuis le début de l'année. Leurs cibles principales : les migrants, ONG et militants de gauche. Forza Nuova, mouvement ouvertement néo-fasciste, a appelé à une nouvelle « Marche sur Rome » le 28 septembre, 95 ans après celle du 28 octobre 1922. Ce jour-là, 25.000 Chemises Noires fascistes en armes descendaient sur la capitale pour contraindre le roi Victor-Emmanuel III à charger Benito Mussolini de former un nouveau gouvernement, avec succès. S'en suivirent 22 ans de tragédie, d’arrestations, de déportation, d’assassinats, de privations de liberté et d’expéditions coloniales.

Aujourd'hui, le parti d’extrême-droite surfe sur la vague d'hostilité d'une frange de la population italienne face à l'arrivée des migrants. Forza Nuova les accuse d'être dangereux pour l’économie ("Ils volent les boulots des Italiens"), pour la santé ("Ils sont porteurs de maladies tropicales") et pour la sécurité ("Ils commettent des délits, dont le viol des 'aryennes'").

Côté politique, la plupart demandent au ministre de l’Intérieur d’interdire cette manifestation, au nom du Code pénal, adopté après la guerre, et qui interdit toute propagande fasciste dans la péninsule. C’est ce que réclament par exemple 45 députés du Parti démocrate dans une pétition adressée au ministre.

Si la marche a peu de chance d'être autorisée, elle reste significative quant à la tension qui existe aujourd’hui en Italie où 181.000 migrants ont été accueillis l’an dernier, près de 100.000 depuis le début de l’année.

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé