Pape François et pédophilie : tolérance zéro ou charité ?

L'émission Cash Investigation diffusée aujourd'hui pose - entre autres - la question de l'attitude du pape François dans la lutte contre la pédophilie au sein de l'Eglise.Veut il réellement lutter contre ce fléau et surtout se donne t-il les moyens pour gagner cette bataille ?

Il y a d'abord ses mots : depuis qu'il a été élu pape il y a 4 ans, Jorge Bergoglio ne cesse de dénoncer les abus sexuels contre les mineurs commis par des prêtres : "ce sont des sacrifices sataniques d'enfants" dit-il souvent.

Et lorsque je le suis au cours de ses voyages autour du globe, il me semble sincèrement touché par les victimes qu'il rencontre dans la plupart des pays où il se rend. Sincère également sur sa volonté d'éradiquer ce fléau.

Il y a ensuite ses décisions : en 2014, il a crée au Vatican, une « commission pontificale pour la protection des mineurs ». Ce groupe est chargé de travailler à la prévention de la pédophilie dans l'Eglise. Jorge Bergoglio a également demandé la création d'un tribunal, chargé de juger les évêques qui ont couvert - et bien souvent simplement déplacé - des prêtres pédophiles.

En résumé, pour le pape argentin, face à la pédophilie, le mot d'ordre est "tolérance zéro".

 Dans les faits pourtant, son attitude est beaucoup moins ferme :

 - Il a récemment accordé sa clémence à un prêtre italien, condamné par la justice pour abus sexuels sur 5 enfants. Le Vatican voulait le réduire à l'état laïc, c'est à dire le défroquer. Le pape a commué cette peine en "vie entière de pénitence et de prière". Et il est resté prêtre. Pour se justifier, Jorge Bergoglio met en avant la nécessaire "charité" dont il doit faire preuve, même envers ceux qui ont commis des actes atroces.

- Le pape soutient de manière quasi systématique les évêques accusés de ne pas avoir dénoncé les prêtres pédophiles de leur diocèse.

- La commission pour la protection des mineurs ne compte plus en son sein aucune victime d'abus sexuels de la part de prêtres. Il n'a pas eu un mot pour regretter la démission à fort retentissement de l'irlandaise Marie Collins. Cette ex-victime a claqué la porte avec fracas début mars, en affirmant qu'une partie de la curie romaine veut bloquer la lutte contre la pédophilie

- Le tribunal pour les évêques n'est toujours pas opérationnel et il n'est pas certain qu'il le soit un jour....

 Le sentiment général est que le pape François est dur dans les mots mais beaucoup plus faible dans les actes. Il ne veut pas que son pontificat soit phagocyté par la pédophilie des prêtres : il veut pouvoir parler d'autre chose. Le problème est que s'il ne gagne pas cette bataille-là, le reste de son discours risque bien d'être inaudible.