Séisme : le désarroi des éleveurs dans les zones sinistrées

Dans la région d'Amatrice en Italie, trois mois après le séisme qui a fait 300 morts, c'est toujours un champ de ruines. Au milieu des gravats, nous avons rencontré des agriculteurs qui doivent rester pour leurs bêtes sans maison ni étable.

C'est une route qui semble comme suivre la faille sismique. Sur des kilomètres et des kilomètres, il n'y a que des hameaux défigurés dans la région d'Amatrice en Italie. Des paysages qui rappellent parfois des zones de guerre et des villages sans vie qui par endroits commencent à peine à être déblayés. Fin août, un séisme a fait près de 300 morts dans cette région. Ici, beaucoup d'habitants ont quitté leur maison, définitivement sans doute. Dans ces terres montagneuses, ne restent souvent que les exploitants agricoles forcés de vivre ici pour garder leurs bêtes.

Pas d'étable pour les bêtes

Des agriculteurs qui se sentent oubliés, abandonnés, alors dans toute la vallée, la colère gronde. Comme celle de Nando Bonanni, 63 ans, est condamné à rester ici avec ses brebis. « Il n'y a rien, pas de maison pour nous, pas d'étable pour les bêtes ». Les températures sont déjà hivernales et ses bêtes devraient être au chaud à l'étable, mais elle a été détruite par le séisme. Les autorités locales lui ont simplement proposé, dit-il, de l'héberger dans un hôtel en bord de mer. « Ca fait trois mois qu'on nous dit d'aller à la mer. Et les bêtes elles font quoi, elles mangeront du sable ? ». Pas d'étable pour les bêtes et pour lui et sa famille une sorte de camping improvisé. Des proches leur ont prêté des caravanes car leur maison est désormais inhabitable. Une situation intenable.

Vaches stressées, moins de lait

Luca Guerrini, 36 ans, a lui aussi perdu son étable. Tout un corps de ferme écroulé comme un château de cartes. Alors chaque matin à 6 heures, à l'heure de la traite, c'est dans un froid glacial que Luca retrouve ses vaches. Mais elles sont beaucoup moins productives, lui qui tirait jusqu'à 200 litres de lait par jour. « Juste après le tremblement de terre, leur rendement a baissé, du fait du stress et de la peur. Et maintenant, avec l'énergie transmise par de la nourriture, au lieu de la dépenser pour produire du lait, elles la dépensent pour se réchauffer ». Au total, ses vaches produisent 20% de lait en moins, ce qui lui fait perdre 500 euros par mois, le quart de son salaire mensuel.

Dans la région, ce sont désormais près de 3.000 exploitations qui sont menacées, selon le principal syndicat agricole, un coût dur porté à l'économie locale, déjà impactée par la chute du tourisme.