Rencontre avec la Sainte des câlins


Des câlins qui guérissent du cancer et de la lèpre. Difficile à croire, non ? Amma aurait pourtant ce pouvoir depuis ses 13 ans. Cette « Sainte des câlins » a fini sa tournée d’Inde par New Delhi ce week-end. Deux jours où elle a embrassé des milliers de fidèles. Elle est respectée, accueillie par des grandes personnalités, comme le premier ministre indien Narendra Modi ou le Pape François. Christophe, stagiaire pour le bureau de France 2 New Delhi, s’est rendu dans le temple de Brahmastanam pour assister à un de ses "Darshan", une cérémonie de médiation et musique. Voici comment il a vécu cette journée.

 

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" Quand j’arrive, l’endroit est déjà bondé. Elle chante, les gens méditent. " 

 

Quand je donne l’adresse au chauffeur du rickshaw, pas besoin de lui expliquer où je vais. « Darshan » me dit-il ? Quand j’arrive, l’endroit est déjà bondé. Des colliers de fleurs tapissent les voiles blancs qui délimitent la salle du temple. Des centaines de personnes sont en transe au son de la voix d’Amma. Je ne mets pas longtemps à l’apercevoir. Des écrans ont été placés au quatre coins du lieu. Elle est là au centre de musiciens et de chanteurs, sur un podium recouvert d’un tapis rouge et de coussins blancs. Elle chante, les gens méditent. Sceptique en arrivant, je ne tarde pas à être troublé par cette ambiance. Vient le temps de son discours récité en Hindi, je n’y ai pas compris grand chose. Mais toutes les personnes présentes, qu’elles soient espagnoles, anglaises, françaises, restent captivées. Bientôt 14 heures. Immobile jusqu’à 3 heures du matin, Amma s’apprête à embrasser des milliers de fidèles.

Le jour où la vie de Mitra a basculé...

Je rencontre Mitra. Elle est française mais ne me donnera que son prénom indien. En 2007, Amma était en tournée au Zenith de Toulon. Mitra pratiquait déjà la méditation, faisait des stages de développement personnel, elle voulait rencontrer Amma. Ce jour-là, elle ne s’attendait pourtant pas à un tel choc émotionnel ; « J’ai été très surprise, véritablement troublée. J’étais catholique, je venais d’un milieu austère. Toutes ces couleurs, cette musique, cette vie… J’ai observé Amma à travers ces écrans et je me suis demandé comment elle pouvait donner autant d’amour. Elle embrassait tout le monde : des enfants, des personnes âgées, pauvres, handicapées » m’explique-t-elle.

 

 Amma, Mitra, Jyotirup et Dipamrita

Mitra et son mari dans les bras d'Amma à Paris

Je me retourne un instant pour contempler le visage d’Amma, il dévoile une certaine compassion. Mitra me parle de bonheur absolu, de vie intérieure… Je reste tout de même perplexe. « Après cette première rencontre, j’ai beaucoup pleuré à mon retour dans la voiture. C’est quelque chose de très intime, je ne sais pas comment l’expliquer. » m’avouera-t-elle.

Des projets au delà des frontières

Au delà de la spiritualité, Amma agit pour les plus démunis via son association Embracing the world. Cette après-midi-là, j’ai croisé la route de Sandrine, bénévole pour l'organisation. Elle tient elle aussi à me dévoiler son nom indien : Yamuna, comme le fleuve qui traverse Delhi de tout son long. En France, elle tenait une entreprise de management. Elle a tout quitté pour l'Inde. Elle est désormais dans l'humanitaire, construit des toilettes pour les femmes dans la région de l'Himalaya. Amma a "donné un sens à sa vie".

 

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Sandrine est entourée des femmes indiennes qui travaillent pour l'ONG d'Amma

Dans les bras d'Amma, je me sens léger.


Près de 24 millions de personnes ont embrassé Amma en 20 ans
. C’est à mon tour dans quelques secondes. Je suis escorté par le mari de Mitra jusqu’au podium. Il prévient les membres de l’organisation de ma venue. « C’est la première fois me dit l’un d’entre eux ? ». J’acquiesce de la tête. Étrange. Après avoir entendu des paroles d’adoration toute la journée, j’en viens automatiquement à sentir un certain privilège.

 

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Elle est assise sur l'estrade. Là, entourée de son drap qui sent le parfum d'encens. La tête sur son torse, elle me chuchote doucement à l'oreille des mots en hindi. Je ne comprends pas mais ça m'apaise, me rassure. Un frisson me parcourt. Je ne suis pas sûr qu'elle puisse soigner comme on le prétend mais elle accorde une attention qui manque à certain moment. Peut-être celle d'une "mère", signification de son nom en hindi. Dans ses bras, je me surprends à dire « Thank you, Amma. Thank you. » Mais pourquoi ce sentiment ? Une impression de légèreté m'envahit quand je la quitte…

Christophe Reyns (St.)