Ô Seigneur de la politique, entendez nos prières

Imaginez votre dirigeant politique transformé en saint, vénéré par des fidèles qui viennent chaque jour prier leur nouveau dieu au pied d’une statue à son effigie ? Il ne s’agit pas de François Hollande … ça se passe en Inde.

Narendra Modi, chef du gouvernement, à la tête du Bharatyia Janata Party (parti du peuple indien) s’est vu dédié un temple à son image au sein de son fief, l’état du Gujarat, dans l’Est du pays. Tout y est : une cahute dans laquelle un buste coloré du leader charismatique trône, protégé par une structure sur quatre pieds, décorée et recouverte de peinture dorée. Sans oublier l’écharpe orange aux couleurs du parti, finie par une fleur de lotus symbole du BJP.

Narendra Modi est une icône pour la jeunesse … Il est comme un dieu pour la jeune génération et c’est pourquoi nous avons construit ce temple” explique Jayesh Patel, un des membres qui gère ce nouveau temple. Officiellement le temple ouvrira dimanche et les fidèles pourront venir prier et déposer des offrandes : fleurs, fruits, chocolats ou encore promesses de vote.

En chiffres c’est 10 000 euros de travaux dont près de 3 000 pour le buste de Modi, 300 admirateurs qui ont récolté pendant plusieurs années les fonds nécessaires à la construction du temple, 1 an de travaux et beaucoup de bruit…

Et le principal intéressé ? N. Modi lui-même, moins mégalo qu’on ne le pense, déplore cette sanctification. Le Premier Ministre a tweeté ce matin son mécontentement.

« la construction de ce genre de temple  n’est pas ce que notre culture nous enseigne. Personnellement cela m’a attristé. Je voudrais demander à ceux qui sont en train de faire ça de ne pas le faire »

Les fidèles entendront-ils sa prière et dédieront-ils l’argent du temple à d’autres causes comme « Clean India », (Nettoyer l’Inde), campagne lancée par N. Modi lors de son arrivée au pouvoir ? L’ouverture de ce temple tombe à pic pour relancer la fidélité des partisans du BJP, dont la foi dans le parti semble s’être dissipée au regard du résultat des élections législatives à Delhi.

 Sophie Laden