Une étude ne souhaite pas la bonne année aux Britanniques (ni les suivantes)

D'ici 2030, Londres atteindra 10 millions d'habitants, selon l'institut de recherche en politiques publiques

Augmentation de la population, robotisation de la société, défis sociaux et économiques post-Brexit, autant de forces perturbatrices qui font entrer le Royaume-Uni dans une phase Star Trek. C'est en tout cas l'annonce d'un centre de recherche britannique. Voici les prévisions pour 2030.

Le portrait du Royaume-Uni des années 2020 n'est globalement pas très flatteur. Statistiques officielles britanniques et internationales (OCDE) à l'appui, l'institut de recherche en politiques publiques, l'IPPR, s'est penché sur l'avenir économique et social du pays. Au programme : l'après choc du Brexit, l'automatisation de nombreux métiers, les défis d'une population vieillissante, le tout au cœur d'une transformation de la mondialisation. Voici les grandes lignes.

"Aftershock"

"Le Brexit est le coup d'envoi d'une décennie de bouleversements", prévient l'IPPR dans une étude publiée jeudi. Selon le think-tank qui affirme la neutralité de son analyse, la sortie de l'Union Européenne sera la cause d'une réduction des richesses du Royaume-Uni, de ses investissements, et d'une dégradation des finances publiques. Le tout se soldera par une exacerbation des inégalités sociales. Les plus précaires seront les plus touchés par une dépréciation de la monnaie. Enfin, l'IPPR prévoit que d'ici 2030, le pays aurait récolté 55 milliards de livres de plus si le Brexit n'avait pas eu lieu. Ces chiffres sont remis en question par les partisans du Brexit, qui indiquent que le centre est financé par l'Union Européenne.

En juin dernier, c'est sur l'immigration que le débat pour la sortie ou non de l'UE s'est cristallisé. Les divisions de la nation par rapport à l'éducation, l'âge, la région, le revenus et le statut social vont se poursuivre pour refaçonner les coalitions politiques traditionnelles. L'immigration sera plus contrôlée, mais ne s'arrêtera pas : la demande économique et sociale continuera d'attirer les migrants. Et en 2030, le Royaume-Uni sera aussi divers que les Etats-Unis, avec une augmentation de 21% des "non whites".

Plus de population, moins d'activité

Une population diverse, mais surtout plus nombreuse. Aujourd'hui, avec ses 65 millions d'habitants, le Royaume-Uni est juste derrière la France. Mais d'ici 2030, les Britanniques passeront devant. Londres, peuplée de 8,5 millions d'habitants, atteindra 10 millions. Ce qui veut dire plus de retraités, et proportionnellement moins de personnes en âge de travailler. Les nouveaux-nés auront une chance de vivre plus de 100 ans.

Mais le Royaume-Uni n'est pas seul, et devra surtout faire face aux défis mondiaux. A côté du climat, la transformation technologique. "La réalité sera sûrement quelque part entre l'après-pénurie (ou économie de l'abondance) de Star Trek et le monde hiérarchisé des machines de Matrix". En termes concrets, le centre prévoit l'automatisation de la moitié des emplois. Certains disparaîtront, mais d'autres industries émergeront. Les gagnants seront les propriétaires des robots, tandis que les autres lutteront pour la sécurité de leur job.

Loin de condamner cette transformation radicale de la société, le rapport préconise une nouvelle approche du monde. Pour accompagner ce changement qui aura lieu de toute façon, les institutions doivent se moderniser. Le message est clair : réformer un système politique et fiscal en profondeur pour plus de justice sociale.

Laure Van Ruymbeke avec Loïc De La Mornais