Un météorologue écossais joue un rôle capital dans le débarquement de Normandie

Aujourd'hui marque le 70ème anniversaire du D-Day. La planification autour du débarquement était méticuleusement pensée, avec un facteur difficilement prévisible: la météo.

Il était primordial de frapper la côte française au bon moment pour garantir le succès du débarquement. Un reportage de Skynews dévoile qu'un météorologue écossais serait à l'origine de l'invasion des alliés en Normandie.

James Stagg, météorologue en chef de la Royal Air Force, était chargé de conseiller le général Eisenhower et son équipe sur les conditions météorologiques à venir. Ses précieux conseils vont déterminer le moment idéal pour débarquer sur les plages normandes.

james stagg

Du fait de cette haute responsabilité, il consulte de nombreux collègues dans tout le Royaume-Uni. Toutes les trois heures, ses collaborateurs compilent à son intention des cartes météorologiques dessinées à la main. Les données leur sont transmises par les navires situés dans le Nord de l’Atlantique. La date du Jour-J est tenue si secrète que même les transmissions radio ont été interdites et les renseignements sont uniquement communiqués par pigeon voyageur.

Une météo précise indispensable

Un bon nombre de directives devaient être respectées vis-à-vis des conditions météorologiques pour réussir leur opération.

Le débarquement devait se tenir à quelques jours de la pleine lune, à marrée basse à l'aube, afin d'assurer l’atterrissage des avions sur les plages normandes. Par ailleurs, la couverture nuageuse devait être au minimum pour donner la plus grande visibilité possible aux avions et aux parachutistes pour atteindre leur point d'arrivée.

Dans les semaines qui ont précédé une possible tentative de débarquement, Stagg fut sollicité pour fournir des prévisions quotidiennes, lesquelles étaient ensuite confrontées à la réalité. Le général Eisenhower testait ainsi sa fiabilité.

Mais en début de ce mois de juin, la météo n'était pas à leur avantage en raison de nuages, pluies, vents violents et mers déchainées. Le temps était si déplorable au matin du 4 juin que l'invasion fut reportée d'un jour - du 5 juin au 6 juin. Une décision prise sur les conseils de James Stagg qui finalement sauva la vie à de milliers de soldats. Par chance ou bon jugement, le Jour-J eut lieu le 6 juin.

Si la décision n'avait pas été prise pour débarquer le 6 juin, James Stagg avait prévu une nouvelle fenêtre météo deux semaines plus tard. En fait, pour ces jours éventuels de débarquement, les conditions météorologiques furent désastreuses, les pires depuis 20 ans. Le 6 juin était donc la bonne date. James Stagg avait enregistré ces données sur une note qu’il envoya au général Eisenhower. Ce dernier répondit aussitôt: "Merci - et remercions les dieux de la guerre que nous y sommes allés au moment fatidique."

Une estime reconnue

Ce n'est que plusieurs années plus tard que les historiens ont accepté le rôle important joué par les météorologues qui ont travaillé aux côtés de James Stagg. Comme l’un d’eux indiquait dans ses mémoires: «Nous nous sommes tous rendu compte de l'importance des conditions climatiques ainsi que celles de la mer le long des côtes normandes. Elles pouvaient être une question de vie ou de mort pour les troupes s'approchant du territoire occupé par l'ennemi. L'objectif était de réduire les risques dans la mesure du possible ».

Stagg a été anobli en 1954 et fut élu président de la Royal Meteorological Society en 1959. Il meurt en 1975, à l'âge de 74 ans. Cet incroyable écossais, dont le sort de milliers de soldats reposaient sur ces épaules, est considéré aujourd'hui comme un héros de l’ombre.

Zoé Loporto avec Claude Sempere