Strass, paillettes et baleines bleues

Au pays du Carnaval, les paillettes sont nocives à l’environnement…

Au pays du Roi Momo, strass et paillettes règnent sur les blocos (orchestres de rue) et le Sambodrome de Rio.

Bloco Boi Tolo

Le Bloco Boi Tolo, le bloco qui ne se finit jamais...

« Un bloco sans paillette? Mais c’est comme une plage sans sable… c’est triste! » hurle Rodrigo, un brin éméché, et dont même la cannette de bière entamée scintille de violet.

C’est joli, oui. Ca brille oui. Ca rend la fête plus colorée, plus photogénique. 
Pourtant ces microplastiques inquiètent les spécialistes de l’environnement. Car une fois la fête passée, les paillettes se retrouvent emportées par les égouts, les eaux… et finissent leur séjour dans l’océan, où elles mettront des siècles à se décomposer… 

La recommandation des environnementalistes: éviter les paillettes. 

Pour les fêtards, la paillette est un peu grosse à avaler. La polémique a gagné les réseaux sociaux. «Glitter et paillettes, la blague du carnaval qui pollue les océans » de quoi démoraliser les fuyards bobos écolos des blocos du centre de la ville… « Il n’y a pas pire quand même comme menace? » nous lance Rodrigo comme si on l’interdisait soudainement de respirer….

A Rio pendant le Carnaval, la paillette est l'atout indispensable

Au Brésil, la paillette est l'atout indispensable de tout déguisement de carnaval

Mais l’enquête est très sérieuse: 

Elle date de 2015, dans la très sérieuse revue « Nature », elle estime que près de 8 millions de tonnes de particules plastiques atteignent chaque année les océans. Une quantité 37 fois supérieur à celle constatée début 2000, année ou les blocos de rues et les paillettes n’envahissaient pas encore la ville. 

1300 baleines bleues

Et la comparaison fait mal: c’est l’équivalent du poids de 1300 baleines bleues. 

Le biologiste et spécialiste de la vie marine de l’institut Oswaldo Cruz, Salvatore Siciliano alerte le public sur ces micros bouts de plastiques qui se fixent sur les fonds marins et empêchent les micro organismes vivants de respirer et de se nourrir. Et le scientifique ne veut pas se faire des amis parmi les accros du carnaval: « Je crois que de manière générale le carnaval pollue, et est très mauvais pour l’environnement. Les paillettes, mais il y a aussi la peinture des chars, les colles, les produits chimiques utilisés qui une fois lavés sont emportés dans les égouts… et empoisonnent la photosynthèse des algues présentent dans la mer…. résultat l’eau du front de mer est souvent un brin fluo les lendemains de carnaval…. « Pourquoi ne pas utiliser de l’urucum (ndlr: une plante colorante rouge) à la place? comme faisait les indiens! »

Voilà, déguisons nous en Indiens. 

Fanny Lothaire