“Die Partei”, le parti qui veut dynamiter la politique allemande grâce à la satire

La campagne est longue, terriblement longue. Il ne se passe absolument rien ! Les partis poursuivre leur campagne, sans faire de vague et tout le monde attend le résultat qui semble déjà écrit: Angela Merkel devrait être réélue pour un quatrième mandat de chancelière. Alors, comment motiver les électeurs allemands à aller voter alors que tout est déjà joué ? Un parti entend bien réveiller la politique allemande...

Le parti qui amuse la galerie

Dans le très calme paysage politique allemand, un parti aime amuser et faire preuve d’originalité, le célèbre “Die Partei” (“Le Parti”). Depuis quelques jours, de nouvelles affiches du parti satirique ont fait leur apparition dans les rues de la capitale allemande : on y voit un pénis en 3D avec ce slogan, “la politique à saisir”. Die Partei les a judicieusement placés sous celles des partis traditionnels. Alors forcément, ça surprend de voir le visage d’Angela Merkel au-dessus d’un pénis en trois dimensions. Si certains internautes se disent “choqués de la perversité du parti”, d’autres, au contraire admire le message politique.

 Des idées politiques affirmées

Die Partei, qui s’appelle officiellement “Le Parti pour le travail, l’État de droit, la protection des animaux, l’élitisme et l’initiative démocratique”, aime associer satire et analyse politique. Son créateur, le rédacteur en chef du journal satirique allemand “Titanic”, reproche aux partis traditionnels de ne plus assumer leurs idées: le parti social-démocrate n’est plus vraiment social et le parti conservateur, plus vraiment conservateur. Alors, en 2002, Martin Sonneborn créé un parti aux idées aussi tranchées que surprenantes. Si les thèmes abordés dans leur programme rejoignent ceux des grands partis, côté forme, il n’en est rien. Difficile, en effet, d’imaginer le parti d’Angela Merkel, annoncer vouloir “arrêter le fou d’Erdogan et l’échanger avec Deniz Yücel”, le journaliste germano-turc, incarcéré depuis plus de 200 jours en Turquie. Die Partei, qui se revendique de “centre-radical”, souhaite imposer toute forme de justice sociale, “au moins le double de justice que le SPD”. Autre proposition pour réduire les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes: “les salaires des managers correspondront à la taille de leur soutien-gorge”. Concernant la protection animale, il souhaite mettre en place de tests de “Lipgloss, maquillage pour les fesses, confiture bio et cocktails de médicaments” sur les “sportifs de haut niveau qui sont habitués à tout type de substances”.

“Pour l’amour du Hummous”

Si les seize propositions sont toutes très loufoques, les motivations sont claires: faire rire mais surtout gagner assez de voix pour empêcher les partis d’extrême-droite d’accéder au Bundestag. En 2016, Die Partei avait choqué l’Allemagne en accrochant en haut des lampadaires des affiches crues avec le slogan: “Ici pourrait pendre un nazi”:

Leur dernier coup d’éclat: prendre le contrôle de 31 groupes Facebook de l’AfD, le parti populiste, sa cible favorite. Dans ces groupes fermés, 180 000 adhérents échangent photos et tracts populistes. Onze mois durant, Die Partei a cherché à gagner la confiance des administrateurs, ce qui lui a permis d’avoir accès aux paramètres des comptes. Depuis, ces "hackers" satirico-politiques ont changé tous les noms. “L’amour du pays” est devenu “l’amour du hummous”, le “Fan-club de Gauland”, le candidat de l’AfD, s’appelle désormais le “Fan-club de Boateng”, joueur de l’équipe nationale allemande souvent critiqué par l’AfD pour ses origines ghanéennes et sa couleur de peau.

 Peu de chance d’être élu

Malgré ce ton, ces méthodes et ses propositions pour améliorer la vie des Allemands, Die Partei, qui compte depuis mars 2017, 22 900 adhérents, ne devrait voir aucun de ses candidats élu. Lors des dernières élections législatives de 2013, Die Partei a réalisé un score beaucoup trop bas pour accéder au Bundestag, 0,2%, quand la barre est fixée à 5% des voix. Seul vrai succès électoral : depuis 2014, il est représenté au Parlement européen. Die Partei a réussit à convaincre184 709 électeurs avec sa campagne au slogan perturbant: "Oui à l'Europe, non à l'Europe". Au bout d'un an de mandat, le député élu a annoncé que les débats du Parlement l'ennuyaient et qu'il votait donc "une fois oui, une fois non" à chaque proposition de loi.

Mais cette année, une proposition pourrait tout changer: Die Partei souhaite une baisse du prix de la bière si “la soif est grande et le verre, depuis trop longtemps vide”. Une mesure qui ne peut laisser un Allemand indifférent !

 

Par Camille Despierres