Faut-il démolir la maison natale d'Hitler ?

Nouveau rebondissement dans un feuilleton qui dure depuis des années en Autriche : que faire de la maison natale d'Adolf Hitler ? Le ministre de l'intérieur autrichien s'est prononcé pour une solution radicale : la démolition. 

Samedi soir, sur la chaîne publique ORF, le ministre de l'Intérieur autrichien Wolfgang Sobotka (ÖVP, parti conservateur) s'est exprimé sur le devenir de la maison natale d'Hitler. Il a d'abord justifié la procédure d'expropriation lancée en avril dernier. "Nous avons envisagé toutes les solutions pour l'utiliser et l'acheter à sa propriétaire, sans résultats."

Le bâtiment, épine dans le pied du gouvernement autrichien, est situé dans la petite ville de Braunau am Inn, à la frontière entre l'Autriche et l'Allemagne. C'est là, dans une bâtisse de 800 mètres carrés, qu'est né Adolf Hitler le 20 avril 1989. Il n'y a vécu que quelques semaines avant de déménager dans une autre maison de la ville. Il a finalement quitté Braunau à l'âge de trois ans. 

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La ville de Braunau se plaint de l'image négative que lui confère cette maison. Selon la municipalité, elle attire beaucoup de visiteurs et militants néo-nazis. En particulier le 20 avril, jour de naissance du dictateur.

Une propriétaire inflexible

En 1912, le bien immobilier a été acheté par les grands-parents de l'actuelle propriétaire, Gerlinde Pommer. Entre 1938 et 1945, il était entre les mains de la NSDAP, le parti nazi. Mais les Pommer ont récupéré la maison située au numéro 15, Salzburger Vorstrasse, en 1952.

Le gouvernement autrichien, craignant que l'édifice ne devienne un lieu de pèlerinage et un mémorial néo-nazi, est devenu le locataire exclusif du bâtiment. Depuis 1972, le ministère de l'Intérieur le loue pour 5 000 euros par mois à Gerlinde Pommer. Le bail, établi entre l’État et la propriétaire, stipule que le bien doit avoir "un usage social et éducatif". Le ministère l'a alors mis à disposition pour une école, une bibliothèque, une association, et même un centre médical pour les personnes handicapées.

Le problème est que la maison, datant du XVIIème siècle et classée monument historique, a besoin de rénovations. Mais la propriétaire refuse de faire les réparations nécessaires. Alors, le bâtiment est inoccupé depuis 2011. Par ailleurs, Gerlinde Pommer a décliné toutes les offres de rachat émises par le ministère de l'Intérieur autrichien.

Le ministre de l'Intérieur en faveur de la démolition

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Le ministre de l'Intérieur autrichien, Wolfgang Sobotka

En avril dernier, devant l'inflexibilité de la propriétaire, le gouvernement autrichien a déclaré vouloir saisir la maison. Une loi est à l'étude pour exproprier Gerlinde Pommer en échange d'une compensation financière.

Si l’État autrichien parvient à se saisir du bâtiment, le futur de celui-ci n'est pas encore fixé. A la télévision samedi, le ministre de l'Intérieur autrichien a déclaré que selon lui, "la démolition... serait la solution la plus propre." Le lendemain, un porte-parole du ministre a assuré que Wolfgang Sobotka avait exprimé là une opinion personnelle et non la position du gouvernement. 

Si la démolition de la maison natale d'Hitler est désirée par certains, elle semble difficile à réaliser. En effet, l'édifice, classé monument historique, est protégé. Une commission composée d'historiens doit se réunir à la fin du mois afin de discuter de ce qu'il pourrait advenir de la bâtisse. Plusieurs pistes sont déjà envisagées : le bâtiment qui fait tant polémique pourrait devenir un musée, un espace de réflexion ou bien encore un centre d'accueil pour les réfugiés.

 

Sonia Reynaud