Un élu en colère envoie un bus de réfugiés chez Merkel

Un élu mécontent de Bavière, par où arrivent les migrants rejoignant l'Allemagne, a annoncé avoir envoyé jeudi un autocar avec 51 réfugiés syriens à son bord vers la chancellerie à Berlin pour protester contre la politique d'accueil d'Angela Merkel.
Par cette action symbolique dénoncée par une ONG, le président du canton rural de Landshut, Peter Dreier explique dans un communiqué qu'il veut "émettre le signal qu'on ne peut pas et qu'on ne doit pas continuer ainsi en matière de politique d'accueil des réfugiés". Le car, qui devrait arriver en fin d'après-midi dans la capitale, transporte 51 Syriens de 21 à 45 ans qui ont déjà obtenu le statut de réfugié en Allemagne et "se sont inscrits (volontairement) pour le trajet vers Berlin", assure l'élu, qui est lui aussi du voyage. "Nous essayons d'intégrer ces gens mais cela ne marchera pas si une autre vague d'un million (de migrants) arrive. C'est pourquoi il est temps de taper du poing sur la table", s'est expliqué Peter Dreier sur la chaîne de télévision N24. En octobre dernier, il s'était expliqué au téléphone avec la chancelière, en lui assurant que "nous n'y arriverons pas", une référence à la phrase mainte fois répétée par Angela Merkel "nous y arriverons". "Si le pays accueille un million de réfugiés, cela veut dire que mon canton va en recevoir 1800. Je les prendrais en charge, mais si il y en a pus, je vous les envoie par bus à Berlin", avait-il promis. Peter Dreier ne se fait pourtant pas beaucoup d'illusion, il sait que la chancelière ne prendra pas en charge ces réfugiés. Mais il souhaite, par ce geste, attirer l'attention sur la situation de centaines de communes de cantons de Bavière, qui ont bien du mal à faire face à l'afflux.

L'organisation de défense des droits des migrants Pro Asyl a toutefois dénoncé avec véhémence cette initiative qui "utilise et abuse de la détresse des réfugiés pour dire 'nous voulons fermer les frontières'". "On instrumentalise des gens pour donner des images aux médias", a déploré son dirigeant, Günter Burkhardt.

Riche Etat régional du sud de l'Allemagne, la Bavière doit prendre en charge la plupart des réfugiés qui arrivent en provenance d'Autriche après une odyssée à travers la Méditerranée et les Balkans. Ils sont ensuite répartis dans les autres régions allemandes mais la Bavière a à plusieurs reprises affirmé être débordée et avoir du mal à fournir un toit à tous les migrants. Les dirigeants bavarois ferraillent depuis des mois contre la politique de la main tendue aux réfugiés d'Angela Merkel qui lui vaut aujourd'hui une chute de popularité. Après avoir menacé de fermer les frontières avec l'Autriche, le dirigeant de ce puissant Land (Etat régional), Horst Seehofer, a exigé que soit fixé un nombre maximum de migrants à accueillir, 200000 pour l'année 2016.

Mais si la chancelière a promis de réduire tangiblement le nombre des réfugiés en agissant à l'échelle européenne et internationale, elle refuse fermement de fixer un plafond. L'an dernier, l'Allemagne a ouvert ses portes à quelque 1,1 million de demandeurs d'asile, un record historique qui la place face à un défi logistique considérable.

 

Avec AFP