Merkel: la fin n'est peut-être pas si proche

Rumeurs de "putsch", chute de popularité sans précédent, dissensions dans son gouvernement: Angela Merkel traverse la crise la plus grave en dix ans de pouvoir. Mais la chancelière n'a sans doute pas totalement perdu la main.

La dernière livraison du baromètre de la ZDF est riche d'enseignements. Ce sondage régulier fait le point sur les intentions de vote, et interroge les Allemands sur les enjeux du moment, la crise des réfugiés au premier plan. Angela Merkel, qui scrute avec énormément d'attention l'évolution de l'opinion, a pu y trouver des raisons de ne pas désespérer.

1Son parti souffre mais ne sombre pas

La CDU a beaucoup baissé ces dernières semaines dans les intentions de vote, mais il se maintient à un niveau élevé: 39%. Le SPD, partenaire de la grande coalition est loin derrière, à 26%, mais a moins perdu. Ce qui peut inquiéter la chancelière, c'est le renouveau de l'AfD, qui atteint les 8% (+2 points). Ce parti anti-euro a changé de ligne ces derniers mois pour se positionner en parti anti-immigration, et tenter de récupérer les partisans de Pegida, ce mouvement d'extrême-droite qui manifeste régulièrement à Dresde. Un renouveau certes, mais la formation ne fait que retrouver des niveaux qu'elle a déjà connu, notamment au moment des dernières élections européennes.

 

2Un taux d'adhésion hors norme

Certes, l'opinion a basculé quand il s'agit de juger l'action de la chancelière face à la crise des réfugiés: 52% des Allemands pensent qu'elle fait mal son travail, 43% sont de l'avis contraire. Mais lorsque la question est posée sur l'ensemble de son action, le taux d'adhésion monte à... 70%. Peu de responsables européens peuvent en dire autant.

 

3Les "frondeurs" en sont pour leurs frais

Le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, s'est distingué cette semaine en déclarant que les réfugiés syriens ne pourraient sans doute pas relever de la politique du regroupement familial. Beaucoup ont vu cette déclaration comme un affront à la chancelière. Une façon pour le ministre d'affirmer son autorité qui semblait remise en cause par la nomination d'un coordinateur de la crise des réfugiés en la personne de Peter Altmaier, secrétaire général de la chancellerie et plus proche collaborateur d'Angela Merkel. De Maizière est pourtant désavoué selon le baromètre de la ZDF: 63% des sondés pensent qu'il est normal que les réfugiés, d'où qu'ils viennent, puissent bénéficier du regroupement familial.

La fronde vient aussi de Bavière et des conservateurs de la CSU. Son président, Horst Seehofer, n'a cessé de critiquer la politique de la chancelière, réclamant toujours plus de fermeté. Une posture aux effets limités: la popularité de Seehofer est presque stable dans le dernier baromètre ZDF, et dans une précédente enquête, 46% des sympathisants CDU/CSU désapprouvaient son action, 43% approuvaient.

 

4Un "putsch" contre Merkel ? Les Allemands n'y croient pas

Un ministre de l'Intérieur qui veut durcir encore plus la politique d'asile, un ministre des Finances qui parle peu mais n'en pense pas moins, un allié bavarois qui ne cesse de remettre en cause la ligne qu'elle a fixée: Angela Merkel semble bien isolée, et les rumeurs de "putsch" circulent avec de plus en plus d'insistance. Un scénario auquel les Allemands ne croient pas. Dans le baromètre de la ZDF, une écrasante majorité des sondés (79%) pense que la chancelière ne va pas perdre son poste. Angela Merkel a du reste un allié de poids: le SPD. Partenaire de gouvernement, le parti de centre-gauche ne veut pas entendre parler d'un départ de la chancelière, dont le "centrisme" lui convient. Pour la remplacer, les "putschistes" de la CDU/CSU n'auraient à proposer que des personnalités bien plus marquées à droite.