"Il est de retour", le film choc sur Hitler qui bouscule les Allemands

« Er ist wieder da » (il est de retour). Après le livre, le film. 70 ans après sa disparition, Adolf Hitler réapparaît dans Berlin en 2014, avec toujours la même ambition : prendre le pouvoir et dominer le monde.

Deux millions d’exemplaires vendus, traduit dans 41 pays… le best-seller signé Timur Vermes ne pouvait échapper à une adaptation au cinéma. Elle sort cette semaine sur les écrans allemands. Le spectateur y découvre un Führer qui se réveille en 2014 à Berlin, dans le même état physique et mental qu'en 1945. Pris pour un acteur un peu fantasque, Hitler va être recruté par une chaîne de télévision, qui flaire le bon coup. Le dictateur est envoyé aux quatre coins du pays, accompagné de deux caméras, pour rencontrer les Allemands. Le film bascule alors de la fiction à la réalité, avec des scènes tournées sous forme de reportage. Le résultat est parfois hilarant, souvent dérangeant. Avec des surprises, comme l'explique le réalisateur David Wnendt et l’acteur qui a revêtu l’uniforme d’Adolf Hitler, Oliver Masucci :

En Allemagne, la figure d’Hitler continue de fasciner, et de faire vendre. Il n’y qu’à voir les couvertures consacrées régulièrement au Führer par les grands magazines du pays. Ce que Daniel Erk, journaliste au quotidien Die Tageszeitung, avait qualifié de « banalisation du mal » en réaction à l’incroyable succès du livre.

Adolf Hitler (Oliver Masucci) face à Berlin, son ancienne et nouvelle tribune

Adolf Hitler (Oliver Masucci) face à Berlin, son ancienne et nouvelle tribune

Au contraire du livre, ce n’est pas Hitler qui constitue le personnage central du film. Mais bien le peuple allemand d’aujourd’hui, confronté au retour du mal absolu. Un mal qui fait tellement parti de l’imaginaire collectif que sa présence ne choque pas plus que ça, comme a pu le constater Oliver Masucci.

Au cours d’un rassemblement du NPD, le parti néo-nazi, le revenant Adolf Hitler échange avec un jeune homme et cela donne un dialogue surréaliste. Le manifestant exprime son désir de plus de démocratie. Un système politique qui selon lui a besoin d’un chef, de quelqu’un tape du poing sur la table et dise « C’est comme ça que ça marche, point à la ligne ». Ce à quoi répond le Führer version 2014 : « Vous avez entièrement raison et c’est exactement ma conception de la démocratie »…

 

Par Julien Mechaussie

 

MISE A JOUR 12/10/15

Nous avons consacré notre chronique Sans Frontières dans le Télématin du 12 octobre au film "Er ist wieder da":