L'aéroport de Berlin : un fiasco très allemand

C'est un gag. Qui dure, et qui dure... Demandez à un Berlinois quand ouvrira le nouvel aéroport: il devrait s'esclaffer, lever les yeux au ciel, et changer de sujet de conversation assez vite. L'aéroport international Willy Brandt devait ouvrir en 2011, on parle désormais de fin 2017. Et encore, la prévision est optimiste, car chaque jour ou presque de nouveaux contretemps se produisent.

Dernier en date: on a appris la semaine dernière qu’il fallait abattre 600 murs dans l’aérogare, car ils n’étaient pas aux normes incendies. Sachant que le toit  menace de s’écrouler car les extracteurs de fumée sont trop lourds, cela commence à faire beaucoup ! On parle souvent de qualité allemande, mais l’aéroport de Berlin en est le parfait contre-exemple. Il est devenu le symbole de tous les travers, de tous les errements des grands chantiers publics en Allemagne. Un fiasco finalement très allemand dont voici l'histoire:

 

 

L'aéroport de Berlin n'est pas un exemple isolé, loin de là ! On pourrait faire des dizaines et des dizaines de billets sur ce blog pour suivre les péripéties des chantiers publics allemands, mais citons deux exemples frappants:

La Philarmonie de Hambourg

L'ouverture était prévue en 2010, le chantier ne devait pas coûter plus de 77 millions d'euros (remarquez qu'à ce prix c'est donné). La facture sera dix fois plus élevée et les premiers concerts n'auront pas lieu avant 2017.

La grande gare de Stuttgart

C'est un chantier pharaonique qui accumule les retards... et les dépassements de budget. L'ardoise est désormais estimée à 6,5 milliards d’euros. Mais surtout ce chantier a provoqué une très vive opposition dans la population, et cela a abouti à un séisme politique : parce qu'elle avait mené et défendu ce projet, la droite conservatrice a perdu les élections régionales pour la première fois depuis 56 ans, et ce sont les Verts, en pointe dans le combat contre le chantier, qui ont pris le pouvoir. Ils ne peuvent plus arrêter les travaux, mais ils ont promis qu’à l’avenir la population serait mieux associée à ce type de projet.