Pourquoi la guerre VTC/taxis n'a pas eu lieu en Allemagne

Trop rares, trop chers, trop lents selon beaucoup d'usagers, les taxis parisiens figurent parmi les mauvais élèves en Europe. Des milliers de taxis sont en grève aujourd'hui dans plusieurs villes de France pour dénoncer "la concurrence sauvage" de l'application mobile UberPop, qui propose de mettre en relation particuliers et conducteurs non professionnels.

Comment se passe la cohabitation outre-Rhin ? L'entreprise Uber est-elle également la bête noire des chauffeurs de taxis allemands ?

Partout où Uber passe, la colère gronde

Depuis sa création en 2009, l'entreprise Uber a provoqué des contestations dans un grand nombre de pays.

En Allemagne aussi, les chauffeurs de taxis se sont insurgés contre l'implantation de l'Américain dans cinq villes du pays (Francfort, Berlin, Hambourg, Munich et Düsseldorf), et des syndicats ou des entreprises ont engagé le combat devant la justice.

En août 2014, un premier jugement en référé du tribunal de Francfort a interdit toutes les activités d'Uber dans le pays. Mais quinze jours plus tard, le même tribunal est revenu sur sa décision, pour des questions de procédure, tout en continuant de "tenir pour illégal" le service. Un flou juridique qui n'a pas incité la société américaine à modérer son offensive...

En mars 2015, pourtant, une décision du tribunal régional de Francfort a changé la donne. Elle interdit purement et simplement l'un des services de Uber, l'application UberPop, dans tout le pays. Son constat : l'entreprise américaine "viole la loi sur le transport des voyageurs et constitue une concurrence déloyale pour les taxis".

Uber a d'ores et déjà fait appel de la décision et compte aller plus loin. Récemment, l'entreprise a fait part de sa volonté d'acheter des licences professionnelles pour ses chauffeurs afin de contourner l'interdiction. Mais en attendant, en cas de fraude, elle risque une amende de 250 000€.

Plutot Uber ou taxi en Allemagne ?

Ceci dit, Uber a eu du mal jusqu'à présent à s'imposer en Allemagne. Seul 1 600 chauffeurs seraient actifs outre-Rhin via l'application Uber. Pourquoi un chiffre si bas ? Tout simplement parce que les Allemands sont globalement satisfaits du service proposé par les taxis.

Ils sont environ 50 000 en Allemagne, 7 600 dans la capitale. Un nombre suffisant pour éviter aux Berlinois de faire le pied de grue pendant des heures devant la borne de taxi.

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Les utilisateurs peuvent également commander leur taxi via une application. Et les options disponibles sont nombreuses: van, break, siège enfant, chauffeur parlant anglais, russe ou turc... ou encore sucreries à disposition ! Avec en prime, un chauffeur souvent sympathique et souriant.

Pour les tarifs, pas d'entourloupe ! Lors d'une commande, le compteur indique 0€ lors de la prise en charge du client et les prix sont plutôt attractifs. Comptez 30€ maximum la course entre l'aéroport de Berlin et le centre-ville , 55€ à Paris pour le même trajet... Et si vous n'avez pas de liquide, pas de panique: la majorité des chauffeurs acceptent la carte bancaire, quand d'autres proposent le paiement automatique via Paypal.

En fait, sentant que la concurrence des VTC pouvait être redoutable, les taxis allemands ont décidé de très vite réagir sur la qualité du service. Et il faut reconnaître qu'ils ont plutôt bien réussi.

 

Par Camille Wormser