Une "fabrique à menus" pas très inspirante

(LILLI DAY / GETTY IMAGES)

En surfant sur Google news, voilà qui a attiré mon attention ce matin : "Avec la Fabrique à menus, finie la panne d'inspiration." Cette dépêche AFP, reprise par France 24, annonce le lancement sur le site mangerbouger.fr d'un générateur de menus "variés et équilibrés, faciles à préparer". Evidemment, je me jette sur l'url avec avidité et curiosité. Qui ne souhaite pas manger-sain-et-équilibré-tout-en-finissant-tard-le-soir? Au total, 2 300 recettes, soit plus d'un million de combinaisons possibles, sont proposées, nous dit-on.

Et là, après plusieurs simulations, c'est plutôt la déception. Je choisis d'abord l'option "cinq jours" de menus pour le dîner (comme beaucoup de gens, je ne mange pas chez moi le midi) pour trois personnes (enfant compris). Quand je vois "gigot d'agneau à la menthe" ou encore "filets de canard à l'orange", mes espoirs sont douchés. C'est vrai qu'avec un marmot affamé, un estomac tout aussi vide et une demi-heure devant soi pour cuisiner, on peut tout à fait se lancer dans ce genre de plats. Oui, je sais, il faut cuisiner le week-end et an-ti-ci-per. Il m'arrive de faire des soupes ou un plat un peu élaboré le dimanche mais ça dure au plus deux autres soirs. Et le mieux que je puisse faire en rentrant à 19h en semaine, c'est une quiche (là je me sens comme un chef trois étoiles).

Par ailleurs, quand je vois la liste de courses qui va avec ce type de semaine, je pars en courant. Si vous rajoutez les déjeuners, vous en avez pour trois heures au supermarché et au final, une note salée. L'Inpes précise pourtant qu'avec petit-déjeuner, déjeuner et dîner, cela revient environ à six euros par personne et par jour. Je suis sceptique.

Viande et plats préparés

Je me rabats donc sur l'option "repas express" et juste "plat-dessert". Là, ça ressemble davantage à ce que je fais. Donc, pas vraiment de plus-value : une protéine, un légume vert et un féculent + un laitage (fromage ou autre) et un fruit. Mais je suis surprise de constater que, dans l'ensemble, la viande, même blanche, est beaucoup plus présente que le poisson (deux fois dans la semaine seulement). Je croyais qu'il fallait miser à mort sur les omégas 3. Du côté des calories, ce n'est pas léger léger  : steak au fromage, tournedos à la sauce au poivre vert, plein de crème fraîche, faux-filet sauce roquefort. Pour le soir, je pensais aussi qu'il fallait manger léger.

Malgré l'ambiance "viande de cheval" et compagnie, il y aussi des plats surgelés de conseillés dans les repas express. Paye ta moussaka au minerai de bœuf ou ton nouilles chinoises sautées aux légumes plein d'additifs. Neutralité oblige, aucune marque n'est en particulier n'est conseillée. Mais mieux vaut ne pas aller vers les moins chères pour ce genre de plats cuisinés.

Je suis surprise aussi de voir une orange figurer en dessert le soir. C'est pas plein de vitamines ça ?

Bon, en fait, c'est toujours le même constat : les menus tout faits, même un peu personnalisés, et les règles édictées pour tout le monde, ça ne marche pas. C'est au mieux inutile, au pire décourageant. Je ne mets pas en cause le sérieux nutritionnel de ces menus. Ce programme a été conçu par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, à l'origine du fameux "Programme national nutrition santé" (cinq fruits et légumes par jour etc)... Ceux qui n'ont aucune notion en matière d'équilibre nutritionnel y trouveront même peut-être des idées (le wok de légumes de la mer, à partir de fruits de mer surgelés, n'est pas si mal par exemple). Mais force est de constater que tout cela est très théorique.

Le salut viendra peut-être des objets connectés, réellement adaptés à la consommation de chacun. A quand un frigo qui élaborera tout seul des recettes à partir de son contenu ? J'en rêve... (à condition que ce soit rapide à faire).

Publié par Catherine Fournier / Catégories : Actu